La belle peinture est derrière nous
Le lieu unique, Nantes, Du 16
mars au 13 mai 2012
Entrée libre
BERNINI, KATIA BOURDAREL, ALKIS BOUTLIS, DAMIEN
CADIO, NICOLAS DARROT, DAMIEN DEROUBAIX, GREGORY FORSTNER, CRISTINE GUINAMAND,
YOUCEF KORICHI, KOSTA KULUNDZIC, P. NICOLAS LEDOUX, ÉLODIE LESOURD, IRIS
LEVASSEUR, FRÉDÉRIQUE LOUTZ, MARLÈNE MOCQUET, AUDREY NERVI, MAËL NOZAHIC,
FLORENCE OBRECHT, AXEL PAHLAVI, STÉPHANE PENCRÉAC’H, RAPHAËLLE RICOL, LIONEL
SABATTÉ, IDA TURSIC & WILFRIED MILLE, JÉRÔME ZONDER.
A l’entrée un écriteau
noir sur mur blanc, comme souvent, ici je prends le temps de faire une pause. La
belle peinture est derrière nous.
Il parle des divergences,
des façons de regarder en arrière. « L’œil de la nouvelle génération ne
quitte jamais vraiment le rétroviseur de la tradition », mais le texte me
fait mal aux yeux, les lettres noires se penchent. Il s’achève « Les abrutis
ne voient jamais le beau que dans les belles choses. »
Sur l’autre partie du mur,
je vois un type tatoué de bleu qui tire une gueule étrange. Je reste dubitative
mais je capte le lien avec la dernière phrase du texte. Il n’empêche que je ne
suis pas convaincue, je veux en voir plus.
Je m’arrête devant la première
toile qui me tape à l’œil ; du grand, du rouge. Un vieil asiatique,
portrait grossier mais efficace. Il crache de la fumée. Tout flou. C’est le Cosaque 2, Gregory Fostner 2004
Ça devient plus clair,
l’agencement entre la toile du Cosaque et sa voisine de gauche.
Au début, des allumettes
qui se sont malheureusement collées à une vielle toile enduite de noir à qui on
a mené la vie dure. Genre bafouée depuis des mois dans un endroit sombre et
humide. Puis je me rends compte et là ça m’intéresse, ce mouvement de fumée
dans lequel les allumettes peintes se perdent. Une bouffée de fumée dans un espace sombre. La jolie perdrix Lionel Sabatte 2011
Je reste insensible aux sculptures
qui occupent le lieu peut être est- ce un défaut de ma part mais j’ai
l’impression qu’elle s’intègrent à l’atmosphère du lieu mais elles n’attirent
pas mon regard.
Jérôme Zonder nous invite à marcher sur des corps pour rejoindre la porte
qui est en face. Ah non, la lumière fait que j’y suis déjà. Dans le cadre de la
porte, et d’autres visiteurs m’y rejoignent ; c’est notre reflet.
J’avoue être impressionnée par ce sombre étalage de
corps, il y a une certaine élégance
dans le traitement des sujets et une certaine distance prise entre eux
et nous. Ça me fait penser à La forêt des
cauchemars (2010) du même artiste. Sauf que là c’est une pièce qui est
cauchemardesque et non un long couloir. Il nous fait baisser les yeux je le
ressens comme une forme de soumission à son travail. Ici c’est presque un soulagement
de ne pas être contraint d’avancer sur le charnier pour atteindre une autre
pièce, on peut être lâche et ne pas voir l’œuvre dans son intégralité on a le
choix de la distance.
La
première porte (2012) Jérôme
Zonder T’es là (2011) Jérôme Zonder
Je m’arrête devant un portrait, un vieil homme derrière un pot de fleur me
semble t’il joue avec un canon miniature ou du
moins s’apprête à y toucher. Il a l’air mélancolique. Je ne pense pas saisir
l’idée, si tant est il y en a une, et puis je suis prise de cours par le temps.
Quelqu’un me tape sur l’épaule et me dit que l’exposition ferme ses portes. Je
sors.
Les micros pendus dans le vide n’émettaient pas de son, mais le bruit
venait d’ailleurs. Sonorité mentale.
Des yeux de cet homme, des bruits des sabots de ce cheval déambulant dans le
noir. Des chiens que j’ai pris d’abord pour des hyènes, ricanant lors d’un
carnaval. Peut être s’amusaient-ils de nos visages perturbés sous l’écrasante
ambiance de la peinture nouvelle.
Laure Maltête
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Jérôme Zonder, T’es là, 2011, 150 x 150 cm, Mine de plomb et fusain sur papier. |
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P. Nicolas Ledoux, Gasio B, 2011, huile sur toile, 217 X 172 cm |
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Ida Tursic et Wilfried Mille, LNP, 2010, huile sur toile, 200 x 300 cm |