« Pierre Huyghe »
au Centre-Pompidou de Paris du 25 septembre au 6 janvier 2013.
Commissaire d’exposition :
Emma Lavigne.
Beaucoup l’ont
adorée, émerveillés devant l’imaginaire d’un espace organique
et onirique, alliant féerie et troubles par des métamorphoses, des
hybridations, des rencontres inattendues qui n’avaient encore
jamais été proposées auparavant au sein d’une exposition. Entre
le rêve et le cauchemar, Pierre Huyghe fait partie de ces artistes
contemporains qui revisitent le statut d’œuvre d’art et plus
particulièrement de l’espace d’exposition ; un projet qui
est d’autant plus influent dans l’immense bâtiment du Centre
Pompidou de Paris aux allures d’usine et industrie (une
présentation au Palais de Tokyo aurait-elle alourdi au contraire le
travail de l’artiste dans un lieu davantage « industriel » ?).
Par la désignation d’un tel espace je parle entre autres d’une
confrontation directe avec la nature, insectes et animaux bien réels
ou désignés par vidéo ou performance, d’un espace d’exposition
dégradé par un temps que l’artiste a lui-même remonté, et de
découvertes technologiques, machine à faire pleuvoir ou jeu de
lumière interactif au plafond. La nature organique est représentée
dans toute sa puissance, régnant au-dessus de toute création
humaine, inondant les architectures urbaines, envahissant les œuvres
d’art en ignorant leur sacrement, ce qui est d’ailleurs
paradoxal avec la propre représentation de cette nature en œuvre
d’art, que la nature elle-même ignore. Ces lieux sont aussi la
démonstration du temps, et de l’impuissance de l’homme à
vouloir cacher ses effets : l’espace d’exposition n’est
plus l’espace frais d’une démonstration contemporaine sur des
murs immaculés mais il devient lecture transparente d’une
succession de couches qui s’est établie sur un certain temps, des
couches d’artistes et de peintures usés.
Mais c’est
par ailleurs cette même vision de l’espace qui peut déranger le
spectateur, fatigué d’un parcours naïf et innocent il se sent
pantin d’un spectacle destiné à l’émerveiller par des effets
visuels et surprenants. Bien que ces œuvres ne soient pas sans
signification ni opaque à toute lecture intelligible, il est vrai
que l’ensemble de l’exposition est basé sur un très long
parcours d’œuvres diverses qui s’apparente à un fourre-tout
dans lequel chaque œuvre perd de son sens et son attractivité. Car
l’exposition est très grande, que le nombre d’œuvres est très
important et que le travail de Pierre Huyghe est présenté sous tous
les médiums et thèmes possibles, le regardeur accorde moins
d’intérêt à chaque œuvre dans son unicité et préfère se
consacrer à l’émerveillement de ce qu’on lui offre. Ce qui est
dommage car beaucoup de ses œuvres mériteraient de se pencher un
peu plus dessus et d’être isolées d’une ambiance extérieure.
Pourtant Pierre
Huyghe est un artiste qui ne peut être détaché de son univers, un
univers qui est bien reflété dans cet ensemble, dans sa diversité
comme dans les liens entre ses différents travaux.
A.Fournié
Untilled
(Liegender Frauenakt), 2012.
Timekeeper,
1999
Untitled,
Acte 2 (Light Box) L’Expédition Scintillante,
2002.