La Grande Exposition d’Art Sonore
Plateforme Intermédia, La Fabrique de Nantes.
Artiste présentée : Jelena Glazova.
« Une
Grande Exposition ».
Un escalier
grillagé puis un couloir, baigné dans une lumière artificielle
aveuglante. Un homme derrière un ordinateur se lève et vient à ma
rencontre, l’air un peu perdu, je lui demande si je suis bien au
bon endroit. Il m’indique la seule porte pouvant faire figure
d’entrée. Je m’y avance, la salle fait soudainement contraste
avec la précédente : plongée dans l’obscurité, seul un
faisceau lumineux bleu vient éclairer une surface du sol sur
laquelle sont disposés plusieurs coussins. Mais la lumière n’attise
pas tant ma curiosité que ce que je comprends maintenant: la
Grande Exposition d’Art Sonore, une dénomination unique d’un
grand rendez-vous pour tous les amateurs d’expérimentations du
son - le son sous toutes ses formes et tous ses sens - est
soudainement réduite à une petite salle silencieuse et vide de
visiteurs. Quel drame a pu survenir pour en arriver à une telle
réduction ? Je m’avance dans cette salle, seule comme un
explorateur dans une grotte, cherchant la bête et à l’affut d’un
quelconque son. Mes yeux se font à l’obscurité et la porte du
couloir laissée maladroitement ouverte fait pénétrer la lumière
dans la salle révélant toute une installation d’amplis et de
matériaux sonores. Alors que d’autres curieux me rejoignent
finalement, nous sommes plusieurs à nous interroger sur l’absence
de son. Il serait parait-il périodique ; l’homme finit par
prendre une initiative. Il traverse la salle jusqu’à un ordinateur
et lance son programme aux yeux de tout le monde. Déjà le charme de
l’œuvre est rompu. Mais voilà qu’une fois la bande sonore
lancée il se met à retraverser la salle dans l’autre sens en
enjambant cette fois l’œuvre exposée sans ménagement. N’a-t-il
donc aucune considération pour l’artiste ?
La bande
sonore s’apparente à de la musique électronique,
expérimentant divers sons et bruits souvent désagréables et à
forte fréquence aux quatre coins de la pièce où sont installés
les amplis dans la semi-obscurité. Face à l’installation des
coussins sous la lumière bleue, des images surgissent dans ma tête :
celle d’une masse d’hommes aux allures primitives, une tribu
installée sur des coussins. Puis des bruits métalliques me ramènent
à une usine désaffectée, abandonnée et habitée par quelques
extra-terrestres réunis autour d‘un complot. Drôles d’images…
L’installation visuelle et sonore ne me parle pas vraiment. Une
famille entre dans la salle, des ombres d’enfants se dessinent dans
l’obscurité, silhouettes frêles n’osant affronter la terreur de
l’espace que tirés par leur mère. Celle-ci commence à manipuler
les coussins et installent ses enfants dessus… Quoi ?
Qu’ont-ils tous à détruire l’œuvre ? C’est alors que je
comprends que ceci est la véritable fonction des coussins, remettant
toute ma réflexion et mon imagination en compte. Je me trouve face
à un travail purement sonore, les coussins étant à notre
disposition pour un placement central de l’œuvre et la lumière
bleue par défaut d’un quelconque faible éclairage. Je redémarre
ma réflexion à zéro et me concentre sur la bande sonore. Mais
voilà qu’à chaque son fait écho un cri et des pleurs d’enfants
terrifiés. Un son, des cris, un son, des cris, et la pièce se
transforme en une garderie incontrôlable. Impossible de ne pas en
tenir compte. Il semblerait qu’il y ait véritablement une ambiance
effrayante dans cette salle. Ils s’en vont finalement et je me
retrouve à nouveau seule. La bande sonore s’arrête sans que j’aie
eu le temps de me fondre dans un espace imaginaire. Ce fut un échec,
me voilà repartie.
A.Fournié
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