A l'occasion de la Folle
journée 2015 à la Cité des congrès, eut lieu le 1er février un
concert d'Antonio Zambujo, une jeune chanteur portugais dont la musique est
imprégnée du chant traditionnel de son pays : le fado. Le concert a duré
environ 1 heure, la scène est occupée sobrement en accord avec le nombre de musiciens
(5 exécutants) et leurs instruments acoustiques. Le chanteur est assis au
centre, muni d'une guitare acoustique classique accompagné d'un autre
guitariste à sa droite, muni d'une guitare portugaise traditionnelle, très
employée pour les lignes mélodiques et les “solos” (il y a d'ailleurs introduit
la première musique). Il y a aussi une importante composante du rythme à la
contrebasse (à gauche du chanteur) qui n'a jamais recouru à l'archet afin de
frotter les cordes, mais uniquement en les pinçant. Cela lui a donné une
certaine liberté manuelle durant le concert, car il a pu jouer également du
frottement des cordes allié au battement de la main sur le bois qui constitue
matériellement tout l'instrument.
C'est
déjà un choix étonnant d'y ajouter cet élément à l'ensemble car on ne le trouve
pas dans un groupe de musiciens traditionnels, bien que le fado soit rythmé par
les cordes pincées de plusieurs guitares. C'est un instrument que l'on retrouve
beaucoup en jazz notamment. Mais ce qui va encore contribuer à la nouveauté du
groupe sont la clarinette et la trompette, en retrait par rapport aux autres
musiciens présents sur la scène, qui ont eux aussi leur solo au sein de
quelques morceaux. Souvent en duo, ils arrivent cependant à tirer de
surprenantes sensations dans la façon qu'ils ont de jouer. Par exemple lors
d'un morceau, le clarinettiste (simple et basse), tout en nappant d'un son
régulier (que permettent les instruments à vents en fonction du souffle) va le scinder
par résonnance en “ventousant” le bec de l'instrument ce qui crée véritablement
un effet de ventouse. Le trompettiste qui l'accompagne, intervient aussi par
des solos, en étant loin de la vision basique que l'on en a habituellement grâce
aux nuances du son souvent dans l'adoucissement et dans des valeurs de notes
allongées sur le temps, comme la clarinette dans une sorte de survol figurant
tantôt en arrière plan tantôt en prenant de l'ampleur. Outre ces autres
éléments qui transforment la tradition, la voix de l'interprète est de manière
générale presque dans le chuchotement, ce qui s'écarte encore des chants qui
regorgent d'un coffre vocal puissant.
A côté
de la musique, l'artiste était très sympathique et prenait la parole lors de chaque
pause; vers la fin d'un morceau par exemple, un bébé s'est mis à pleurer, les
musiciens terminant à peine de jouer le chanteur dit légèrement : « je vais
quand même continuer à chanter.»
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