Murmeltier Bär
Il parait qu’on les coud sur les arbres
Le Lieu Unique,
Chantier d’artistes 2010.
Les
yeux s’habituent. Identifient arbres, animaux, pattes de poulets,
formes cabalistiques, pentacles inversés. Il y a la beauté angoissante
d’un sous-bois nocturne, la grâce glacée d’un clair de lune. L’odeur
fumée d’un zoo, la théâtralité d’une messe ; la force brute d’une
apocalypse animale.
Si c’est une forêt, elle est habitée par nous.
Les
gnomes dessinent un ours perforé de balles de lumières, utilisent des
instruments de musique avec l’instinct de la Nature. Ils frappent,
frottent, frisent, frôlent. S’agitent, construisent et scellent la
pièce. De lumière, de sons, de formes, ils cautérisent les failles,
comblent les anfractuosités, occupent l’espace jusqu’à repousser l’homme
égaré dans un coin.
Pour
vivre, pourtant, il faut bouger. Tourner autour de l’arbre gigantesque,
être aux aguets, voir devant, voir derrière. Voir si la forêt meurt.
Voir si la forme s’altère, ou se purifie.
Les gnomes glissent et s’en vont.
Nous sommes seuls.
Benoit Baudinat
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