Château de Versailles, Takashi Murakami
Du 14/09/2010 au 12/12/2010
Takashi Murakami,
l'un des artistes phare de la scène internationale, présente son travail
dans les appartements royaux du Château de Versailles.
Cet
événement est la première grande rétrospective de l'artiste japonais en
France, il y montre ses sculptures, peintures et vidéos, dans quinze
salles du Château ainsi que dans son parc.
Troisième
artiste contemporain à exposer au Château de Versailles, après
l'américain Jeff Koons en 2008 et le français Xavier Veilhan en 2009,
(la démarche étant d'alterner chaque année artiste étranger et artiste
français) Murakami développe ici son univers au sein du Château, selon
lui : « cette exposition est un bon mariage entre la modernité et
l'histoire, c'est mon concept ».
Deux
des œuvres présentées dans l'exposition ont été créées spécialement
pour le lieu : la moquette dans la dernière salle ainsi que l'immense
bouddha doré dans le jardin.
Ces trois
premières expériences d'introduction d'un artiste contemporain dans ce
patrimoine exceptionnel ont en commun d’inviter des artistes de
notoriété internationale dans le monde de l'art et présentant un travail
dit pop, kitch et monumental.
On
peut donc se demander pourquoi n'exposer ici que des artistes à la
notoriété bien établie et non de plus jeunes ou tout simplement moins
célèbres créateurs, ce à quoi Jean-Jacques Aillagon le président du
Château de Versailles répond : « Les institutions consacrées à
l'art-contemporain ont pour mission d'explorer la réalité artistique, de
découvrir de nouveaux artistes et talents, alors que Versailles a pour
mission de confronter les œuvres présentées au décor du Château, à son
cadre et donc la notoriété de l'artiste doit être suffisamment établie
pour résister à la notoriété de Versailles sinon l'exercice serait
extrêmement déséquilibré ».
Ces
opérations ayant pour but d'amener un public différent dans ce monument
parmi les plus célèbres au monde font suite au programme de grands
travaux de rénovation du Château lancés en 2003 grâce aux mécènes et dûs
à la volonté d' Aillagon pour que « le patrimoine (soit) vivant et
ouvert à la culture de notre temps ».
Cependant ce
mélange des époques et des cultures ne trouve pas grâce aux yeux de tous
comme nous avons pu le constater en voyant la récente couverture du
magazine « Valeurs Actuelles » montrant une œuvre de Murakami dans le
Château et titrant : « Art-contemporain : le temps des bouffons » et un
article intitulé : « Le triomphe du canul'art ». S'ajoute à cela une
manifestation devant la grille du château d'une cinquantaine de
personnes d'extrême-droite souhaitant selon eux dénoncer la « pauvreté »
du travail de Murakami et de l'art contemporain en général.
Ce qui est
intéressant ici c'est particulièrement le dialogue entre des œuvres
d'aujourd'hui et celles du passé, comme le souligne le commissaire de
l'exposition Laurent Le Bon : « Il y a plein d'esprit dans ce travail,
on le voit à la manière dont les œuvres de Murakami jouent avec les
statues de Louis XIV. Dans la salle du Sacre de Napoléon, il a posé la
sculpture d'un roi nu et énorme sorti d'un conte d'Andersen et revisité à
la sauce manga. ». Bien que quelques œuvres semblent dénoncer une
certaine société de consommation, ce qui vient à l'esprit est le
caractère de business-artiste qui convient parfaitement à Murakami (dont
le prix des œuvres a centuplé depuis 1993) et au vu des très nombreux
produits dérivés se vendant (très chers) à la sortie de l'exposition.
Cette
expérience reste très intéressante surtout pour percevoir Versailles non
pas comme un objet inventé en une seule fois mais comme quelque chose
qui ne cesse d'évoluer depuis ses différents occupants, comme un lieu
ouvert aux créateurs de chaque époque, même si l'on peut douter de ce
que Jean-Jacques Aillagon dit à ce sujet : « Louis XIV aurait été très
séduit par cette démarche. ».
Quentin Blaise-Nicolas
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