lundi 30 avril 2018

Boom for Real - C. Maucourt


C. MAUCOURT, L1, « Boom for Real »

En janvier dernier, je suis allée à Londres à l’exposition « Boom for Real », événement annoncé il y a bientôt près de deux ans. Figure incontournable de la contre-culture des années 1980, le New-Yorkais Jean-Michel Basquiat est célébré à la Barbican Art Gallery de Londres dans une exposition fournie. Elle rassemble plus de 100 œuvres de l’artiste, provenant des quatre coins du globe. « Boom for Real » se concentre sur la relation entre J.M. Basquiat et la musique, l’écriture, le cinéma et la télévision, et l’intègre à l’émulsion culturelle qu’ont connue les années 1980. Les deux commissaires d’exposition, Eleanor Nairne et Dieter Buchhart, ont pris le parti d’exposer ses œuvres et le personnage qu’il était.
L’exposition est construite sur deux étages :
  • La première partie est davantage biographique et s’articule comme un atlas référentiel où J.M. Basquiat va y puiser des clés, des points capitaux, qui influenceront sa production artistique comme le cinéma muet, le jazz ou encore la philosophie.


  • La deuxième partie expose le riche héritage qu’il nous a légué : ses œuvres offrent aux visiteurs une expérience visuelle forte et saisissante.



En ce qui me concerne, je connaissais ses œuvres et l’étendue de son travail. Mais cette exposition a été pour moi une expérience inédite et jamais vécue jusqu’à l’heure : celle d’une frontalité entre une œuvre de Basquiat et moi-même. La violence qui se dégage de ses tableaux m’a pleinement saisie. Ce « choc visuel » manifeste mêlé au retraçage de l’itinéraire biographique de la commissaire Eleanor Nairne m’a permis d’apprécier d’autant plus la profondeur des œuvres de l’artiste. Son parcours d’homme agit comme un guide qui m’a donné des indices pour obtenir des points d’entrée dans son travail. Elle permet de saisir dans quels enjeux, dans quels contextes il travaillait. A la lumière de son parcours personnel, nous pouvons mieux saisir le fil conducteur qui jalonne ses œuvres : un discours codé, des expressions frustrées et des informations cryptées.

mardi 24 avril 2018

Attendu, Attendu, Attendu - L. Montaigne


L.Montaigne L1 « Attendu, Attendu, Attendu »



« Attendu, Attendu, Attendu » est une pièce de théâtre mise en scène par Emma Bathilde et Lou Chenivesse deux étudiantes en M1 de l’Ecole des Beaux-Arts. Cette pièce comportait deux représentations, le 3 et 4 Avril au Théâtre Universitaire de Nantes, dans le cadre du festival Turbulence.
  « Attendu, Attendu, Attendu » s’ouvre sur un repas de famille. Une grande table recouverte de plat et de boissons fait face au public. Les cinq personnages discutent sans faire attention aux spectateurs ce qui crée un certain malaise. Leur discussion s’arrête peu à peu pour donner place à une scène surréaliste où les cinq acteurs se mettent à finir leurs verres les remplir pour les boire immédiatement de façon décalée créant une percussion, un rythme entre la performance et le théâtre. Le rythme va de plus en plus vite et soudain les acteurs renversent la table. Sous la table se trouvent des abreuvoirs les cinq acteurs y plongent la tête et restent en apnée. Le rideau se tire, la pièce vient de se terminer.
            La pièce est en deux actes. Le premier montre les personnages échangeant des plaisanteries. Les acteurs jouent sans tenir compte du spectateur on les entend à moitié, ils ne nous regardent jamais. J’ai trouvé cette idée particulièrement intéressante car les attentes du spectateur se retrouvent frustrées on ne sait pas si cela fait partie de la pièce ou s’ils sont encore en train de s’échauffer. Malheureusement j’ai trouvé que cette partie durait trop longtemps, 15 minutes auraient suffi (au lieu de 25 min).
            Dans le deuxième acte on sort du théâtre pour rentrer dans une performance. Les cinq acteurs nous font face buvant à un rythme de plus accéléré leur verre d’eau. Cette partie du spectacle est particulièrement esthétique avec la scène finale aussi inattendue que belle. La folie compulsive des acteurs qui finissent par se mettre la tête sous l’eau pour échapper à leur compulsion m'a particulièrement touché
            Globalement j’ai trouvé cette pièce réussie malgré les quelques erreurs de rythme que peut avoir la première partie.


                                                           Leonard Montaigne.
                

ENDE - M. Lecoq



ENDE - Claude Lévêque
Niveau 2, Musée d'Arts de Nantes

Une œuvre à (sur)vivre

Passés les grands rideaux noirs, la rencontre avec un espace inconnu où le temps semble suspendu. Une chanson de Joe Dassin, « Et si tu n'existais pas ». Il fait nuit ici.
Peur
Surprise

Non, tu ne sais pas jusqu’où tu vas aller avec cet espace, où est-ce qu’il t’emmène, pendant combien de temps, ce qui le compose. Joue le jeu, fuis, fuis en jouant le jeu.
Curiosité 
Impatience

Une perte d’équilibre à l’horizontal. Un sol flotttant, instable qui te pousse à avancer plutôt qu’à rester fixe.
Mouvement
Sans sens
Il y a de la tension, de la nervosité, de la sensualité.
Tu as peur de toucher, tu as peur de te cogner.

Un partage de solitude. Ici tu es nu, les faux-semblants du monde n’existent plus. Tu es anonyme parmi les anonymes et tu reconnais ta vulnérabilité.

Cette voix qui nous murmure qui nous emmure qui nous berce qui nous retient qui nous guide
Elle est seule lumière de l'espace.

Sortie de la parenthèse du rêve, de l’éphémère
Eblouissement


Maéva Lecoq

Musée d’arts de Nantes 10, rue Georges Clemenceau
Site web de l’artiste
http://claudeleveque.com/fr/



Le MoMA à Paris - M. Milan


            Je parle dans cette chronique de l’événement « Etre moderne : le MoMA à Paris » s’étant déroulé du 11 octobre 2017 au 5 mars 2018 à la fondation Louis Vuitton à Paris.

            Se proposant comme un retour dans l’histoire du Museum of Modern Art au travers de 200 oeuvres emblématiques de sa collection -exposées pour la première fois en France dans cette mesure - nous voguons au gré des salles et des mouvements, des contextes et des oeuvres, de Picasso à Dali, de Duchamp à Calder, de Walker Evans à  Felix Gonzalez-Torres, et ce dans l’extraordinaire architecture de Franck Gehry, immersive et nautique.
D’être saisi par autant de chefs-d’oeuvre maintes et maintes fois cités mais jamais expérimentés est pour moi un bien agréable bouleversement. Me reviennent l’énergie figée de la peinture de Pollock, l’angulaire froideur de la Black Painting de Stella mais aussi la pureté dans la forme de l’Oiseau Dans l’Espace de Brancusi, le sentiment de transgresser l’interdit avec Lead Square de Carl André, la richesse détaillée de After Invisible Man By Ralph Elisson, The Prologue de Jeff wall, l’inquiétante solitude émanant de House by the Railroad de Hopper, et pour clôturer, l’inconfortable réalité de la simulation de Ian Cheng.  Cette longue épopée -six heures- fut pour moi tumultueuse mais fertile.    La scénographie est à mon sens très réussie, les pièces se répondant de manière cohérente en parallèle d’une disposition et de lumière laissant l’espace intime à chaque oeuvre.
Nous nous aventurons en premier lieu dans la première décennie du MoMA, suivie d’un passage dans l’après-guerre. La section suivante se consacre au « minimalisme » et au « pop art » des années 60 puis nous faisons escale dans les années suivantes, axées sur les mouvements tels que Fluxus, la Pictures Generation, tout en jetant un regard introspectif sur l’histoire de l’Amérique avec le travail d’artistes comme Romare Bearden, Jeff Wall et Cady Noland. Nous finissons ensuite sur les oeuvres 
contemporaines du monde entier, dont certaines acquises il y a moins de deux ans.

MARLY Milan     
                L’exposition « Etre moderne : Le MoMA à Paris » a été co-organisée par le Museum of Modern Art à New York et la Fondation Louis Vuitton.
Direction : Glenn Lowry, directeur (Museum of Modern Art), Suzanne Pagé (Directrice artistique, Fondation Louis Vuitton)
Commissariat de l’exposition : Quentin Bajac (The Joel and Anne Ehrenkranz Chief Curator of Photography), assisté de Katerina Stathopoulou (commissaire-assistante, MoMA) en collaboration avec Olivier Michelon (Conservateur, Fondation Louis Vuitton).

Pour plus d’information: http://www.fondationlouisvuitton.fr/expositions/exposition-moma.html

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Poétiques des traces - A. Perrault


A. Perrault, L1,  Poétiques des traces

Au moment d’un temps creux ou d’un creux dans le temps, à trois nous nous sommes laissées guider dans Paris. La balade était tranquille parmi les ruelles en agitation perpétuelle. Notre destination était plus connue que l’était le chemin. Ultime voie, vers cette impasse attendue. Stable et éternelle, la médiathèque Françoise Sagan se dressait face à quelques frêles tentes bleutées et encombrées.
L’une d’entre nous y avait ses habitudes mais nous étions deux à découvrir ce lieu. Grand jardin à volonté solaire, grandes fenêtres reflétant  les palmiers atypiques sur ce fond fait de ciel parisien, tout est disposé pour plaire et pour que notre temps fuit en ces lieux. Nous sommes tombées, entre un couloir et un escalier, sur cette pièce qui se découpait dans son propre encadrement blanchi , et qui n’était autre qu’une salle d’exposition exiguë. Charmées par la coïncidence, sa visite était presque évidente.Intriguées dès le premier objet ; quand on est seul face aux œuvres on essaye de comprendre ; Une arrivée impromptue, c’est l’artiste Cristina Hoffman qui mène désormais la visite.
Son exposition est basée de manière très concrète sur le lieu qu’elle occupe, c’est-à-dire la médiathèque dans son entité, mais plus on avance dans la salle et plus le lien œuvre-sujet devient implicite. Sa démarche était plutôt complète puisqu’elle a tenté de promouvoir plusieurs facettes du lieu : un lieu ancré dans l’histoire et un lieu ancré dans la société. La médiathèque est un espace spécial au cœur de la ville, tout le monde y a accès peu importe l’intention. A la fois passage et stationnement ; « Dans la rencontre de savoirs, d’outils et d’êtres humains » (C.H.).
Je vais plutôt m’attarder ici sur les deux dernières œuvres de l’exposition, dont les aspects plastiques et les processus m’ont plu.
La première est une petite installation comprenant une partie projetée, qui est tout simplement un projecteur avec des filtres colorés qui se succèdent, et une sérigraphie de trois phrases superposées et imprimées de trois couleurs différentes. Dans cette approche épurée, les filtres ont formé un cycle fascinant marquant la cadence des écritures que l’on voyait au fur et mesure s’effacer au profit de la suivante. C’est la magie des couleurs complémentaires. Une succession de mots bruts et de couleurs pures ; un confort s’installe par le biais de cette allure. Elle nous rappelle la justesse des rapports colorés et leurs effets logiques.
La seconde est également une installation, elle se constitue d’un banc blanc un peu stylisé par des bords arrondis sur lequel elle a disposé des plaques de cuivre gravées (dessin d’une main) et reliées à des capteurs. Nous sommes à genoux à même le sol, les mains à la hauteur du torse. Grâce à l’impulsion électrique fournie par notre corps conducteur et le cuivre (qui est un des meilleurs conducteur d’électricité), une bande audio se déclenche. L’attention du spectateur concerné est immédiate mais ailleurs un autre processus est activé, il est chimique, c’est celui de sa lente corrosion. Par la sueur de nos mains immobiles le cuivre se dégrade, son apparence, sa texture se modifient. Néanmoins, ce processus est très lent. C’est l’accumulation de personnes qui prennent ce temps qui le permet. Chacune prend la même position, à genoux, les mains en avant, le regard au loin. L’action d’attention-destruction fait figure de prière.

Lien vers l’article de la médiathèque :
Lien vers le site l’artiste : http://cristinahoffmann.com/

                                                                                                                                      Agathe Perrault






lundi 23 avril 2018

5 mm par heure - Emma Prévost

5 mm par heure

Exposition des lauréats 2016 du Prix des Arts Visuels de la Ville de Nantes.

Artistes : Aurélie Poux, Charles Coturel, Zhu Hong, Jenny Pickett et Justin Weiler
Commissaire d'exposition : Justin Weiler
Vernissage le jeudi 22 février à 18h30, à l'Atelier, 1 rue de Chateaubriand 44000 Nantes.
Durée de l'exposition : du 22 février 2018 au 18 mars 2018 à l'Atelier, Nantes.

J'étais d'humeur à recevoir ce soir-là. Je venais de passer une heure à faire le ménage dans mon appartement, jusqu'à m’arrêter brusquement, enfiler mon manteau et sortir sous la bruine.
C'était le 22 février 2018, le jour de mon anniversaire... et le soir du vernissage de l'exposition des lauréats 2016.
J'arrivais à l'Atelier une heure en retard, me frayais un chemin entre les fumeurs, je ne connaissais personne, ni les visiteurs, ni les artistes, ni même ce lieu.
Malgré le brouhaha des visiteurs, je me sentais parfaitement calme ; je passais devant chaque dessin, chaque peinture, chaque photographie, les unes après les autres jusqu'à m’arrêter devant une œuvre. Était-ce une série de photographies, de dessins ou de peintures ? Je jetais un coup d’œil au cartel : « Charles Coturel », crayons aquarellables et fusain. »
Ces formes végétales étaient si réalistes et pourtant elles ne pouvaient exister.
Leur forme globale était trop parfaitement circulaire, leurs feuilles trop parfaitement plates et leurs épines trop parfaitement symétriques.
Contempler la perfection et finir par se sentir nauséeuse.
Disposés en damier selon la valeur de gris de leur fond sur un mur blanc, ces dessins me paraissaient beaucoup trop grands.
Je me reculais, jusqu'à tous les contenir dans mon champ de vision.
J'ai alors su ce qui m'avait attirée dans cette œuvre, cette série.
Vue ainsi, elle faisait évidement honneur au travail d'herbier photographique de Karl Blossfeldt, le photographe allemand.
J'ai alors repensé à mes cours d'histoire de l'art de lycée, à la « ligne coup de fouet » de Horta, à la Spiral Jetty de Smithson.
J'étais d'humeur à recevoir ce soir-là, et cette œuvre, ces fleurs et ces feuilles entrèrent alors dans le mécanisme de ma mémoire, comme si elles se nichaient entre deux références pour en former une à part entière, complétant encore un peu plus ma petite collection mentale.
L'Atelier fermait ces portes lorsque je sortis de ma rêverie, je suis ressortie dans la nuit et dans la bruine, et suis rentrée chez moi.

http://www.galerie-partagee.fr/fr/utilisateurs/Charles%20Coturel


Emma Prévost.

Le point de vue de nulle part - Iyad Renard

Le point de vue de nulle part - Semiconductor sous le commissariat de Patrick Gyger au
LU, Nantes (du 6 avril 2018 au 3 juin 2018)

http://semiconductorfilms.com/data/about/
http://www.lelieuunique.com/evenement/semiconductor/   

Je vais avec Charlotte au vernissage de cette exposition en ignorant tout à son propos.
L'espace est plongé dans l'obscurité, des îlots d'écrans et de projections de formes géométriques et colorées y sont dispersés. Les éléments sont bien espacés entre eux. Nous allons en direction de la première vidéo, je vais savoir quel sera le sujet de l'exposition.

On parle de science // En ayant suivi un cursus littéraire, le domaine que je redoute par excellence c'est pour cela que j'essaye de rattraper mes lacunes. La découverte du travail de l'artiste Smith m'ayant particulièrement renoué avec la science-fiction, je suis assez curieux de voir ce que l'on peut proposer en appuyant son travail plastique sur une recherche scientifique contemporaine et non fantasmée.

 S'ensuivent deux installations vidéos colorées : des ondes, des protons, leurs trajectoires. J'ai l'impression que tout cela est très illustratif. Au fond, sur un grand écran, des scientifiques parlent pendant que des formes apparaissent devant eux. Mais encore ici, j'aurais presque envie que cela aille plus loin, c'est un peu trop sage ! Nous finissons par aller voir l'intégralité des films proposés...               Certains plus stimulants que les autres, l'un d'eux particulièrement paraît totalement surprenant vis-à-vis des autres : « Indéfatigable ».

Pendant sept minutes, une équipe de personnes dissèquent un grand buisson.

  Je lis sur le cartel: « une réflexion sur la façon dont, en tant qu'êtres humains, nous
élaborons ensemble des méthodes pour en apprendre davantage sur le monde qui nous
entoure ». Je reste perplexe.

   J'ai pris le temps de digérer cette exposition pour prendre du recul et assimiler correctement ce que j'avais vu. De part son titre « le point de vue de nulle part », l'intention que portent les pièces présentées est simple : le point de vue de nulle part est l'absence de subjectivité. Une démarche mettant en avant une volonté d'objectivité fait écho à la recherche scientifique qui pour une analyse objective est un gage de véracité. Ce nom fait référence au livre éponyme de Thomas Nagel qui écrit à propos de son travail :

 « Ce livre parle d'un seul problème : comment combiner la perspective d'une personne particulière à l'intérieur du monde avec une vue objective de ce même monde susceptible d'inclure la personne et son point de vue. C'est un problème que rencontre tout être vivant qui possède la capacité et la tendance à transcender son point de vue particulier et à concevoir le monde comme un tout »

   Cet élément m'engage à nuancer ma réflexion. L'objectivité serait peut-être davantage un idéal et non quelque chose d'établi. Après tout, les vues d'artiste ont depuis longtemps permis à tous de se représenter plus ou moins fidèlement la réalité. Le travail de Semiconductor serait celui de la recontextualisation des représentations humaines du savoir scientifique via ce qu'offrent les nouvelles technologies et les possibilités qu'elles offrent.

Iyad RENARD

Für Andrea Emo - Yuma Nadaud


             Du 11 février au 31 mai 2018 se tient à la galerie Thaddaeus Ropac de Pantin, une exposition intitulée Für Andrea Emo. Elle présente une nouvelle série d’œuvres du peintre et sculpteur allemand Anselm Kiefer. 
L’artiste a sélectionné une vingtaine de tableaux et trois sculptures pour rendre hommage au philosophe italien Andrea Emo. Kiefer dit en effet trouver dans les écrits du philosophe la formulation de pensées qu’il n’a jamais pu mettre au clair et pour cause, tous deux axent leur travail autour du souvenir, notamment de sa sédimentation. 
Le temps est un cycle pour Anselm Kiefer, dont le travail est souvent fait, détruit, puis régénéré. 
Les œuvres présentées sont en effet pour la plupart des anciens travaux oubliés, décevants au moment de leur redécouverte, donc remodelés par l’artiste à l’aide de plomb brûlant jeté à même la toile. 
Le résultat évoque autant de plaies en putréfaction, croûtes purulentes que de coulures de lave et paysages lunaires. Ainsi, les toiles, éclatantes par leurs couleurs et textures, nous rappellent les heures les plus sombres de notre si souvent représentée enveloppe charnelle. 
L’oubli se lit dans ces blessures, qui semblent laissées aux vers et à la pourriture. 
Il est question de l’effacement, tout au long de la visite : provoqué, par des couches opaques de plomb brûlant, ou empêché, par des vernis appliqués sur des branches et feuilles d’arbres. 
Kiefer montre l’oubli comme un processus violent, brutal, presque cruel, mais inhérent et nécessaire à la mémoire. Il est pointé comme une agression, un facteur brut, brûlant. 
Cependant, si le plomb recouvre les surfaces, il en fait aussi des moulages. 
Des formes qui, plutôt que de disparaître sous les couches, se retrouvent doublées, mises en relief par les pellicules de plomb que l’artiste décolle et enroule sur la toile. 
Ce faisant, des zones réapparaissent, calcinées par le métal en fusion. 
Les souvenirs oubliés refont surface, modifiés mais ayant tout de même gardé leur forme de base. 
Les rouleaux de plomb évoquent tantôt des chrysalides, tantôt des cours d’eau, toujours dans cette logique de l’effacement et du renouveau. 
L’artiste aborde aussi, au travers de ce prisme de la mémoire, des sujets qui lui sont habituellement chers comme la guerre ou la religion, via des représentations de bombardements et de scènes bibliques. 
Ainsi, l’exposition Für Andrea Emo, présentée dans une galerie lumineuse et spacieuse, frappe par sa densité et sa matérialité. 
Comme souvent avec Anselm Kiefer.


Yuma NADAUD





Galerie Thaddaeus Ropac Pantin, 69 avenue du Général Leclerc, 93500 PANTIN

La Forme de l'eau - A.Verlot

A.VERLOT
La forme de l'eau.

Titre : la forme de l'eau
Réalisateur : Guillermo Del Toro
Distributeur : 20th Century Fox
Genre du film : Fantastique, Drame et Romance
Date de sortie : 1er Décembre 2017

            La belle princesse muette,
            Aime la laideur de la bête étrange,
           
            Fantastique histoire que vous vous apprêtez à voir,
            Ouragan d'espoir qui se jette sur le 7éme art,
            Rares sont ceux qui aiment comme elle,
            Mais nombreux sont ceux qui haïssent comme eux,
            Entre homme poisson et femme humaine,

            De toute l'humanité mon coeur s'est rempli,
            Eclaboussé de merveilles,

            Les yeux absorbés par autant de bonté,
           
            En dévorant l'écran j'ai découvert :
            Amour, espoir et humanité, à travers la muette comme la bête,
            Une histoire qui ne fondra jamais.

            Verlot Axelle.



Imagine Van Gogh - Cedric Nolland



Imagine Van Gogh 

L'exposition se passait dans la grande halle de la Villette, similaire à un immense hangar au plafond haut. Suffisamment pour y placer plusieurs voiles de onze mètres de haut et cinq de largeur. Leur disposition est la suivante, trois murs d'écrans formant une salle dont il manque un pan, une série de quatre voiles partant du fond de cette pièce en zigzag et qui sort de l'espace virtuel pour arriver devant les spectateurs entrant dans l'exposition. De plus, alignées et éloignées de deux à trois mètres des murs d'écrans se trouvent deux voiles qui font à peu près six sept mètres de haut, ajustées par le haut aux autres. puis deux autres plus petites les suivent.

Sur ces voiles, est projeté un défilement de deux cents toiles, qui offre au spectateur un magnifique bal des chefs d'œuvre de Van Gogh. Cela se fait par un jeu de projections, d'une œuvre divisée sur tous les écrans, la même image sur toutes les voiles sauf de temps en temps une qui se veut dissidente ainsi que des agrandissements (nous montrant ainsi les coups de pinceau du maître). Le tout sur un fond de Saint-Saëns, Mozart, Bach, Delibes et Satie, ils accompagnent les visiteurs par leurs musiques.

La seconde partie de l'exposition se trouve sur une mezzanine, divisée en trois parties, deux ailes et un balcon. Pour y accéder il fallait passer par un escalier, qui donnait sur deux cubes de deux mètres, dont chaque face visible portait inscrite sur des panneaux, la vie de Van Gogh et quelques photographies. L'autre aile était similaire, mais avec le parcours d'Annabelle Mauger et Julien Baron, plus quelques explications. Le balcon, quant à lui donnait sur toute l'exposition et révélait une nouvelle façon de voir, du fait de son élévation.

Contrairement à la vue depuis le balcon, quand on rentrait dans cet espace gigantesque, ma première impression, fut de me sentir petit, très petit et se sentiment fut intensifié lors de ma déambulation à l'intérieur de ce tableau. Chaque voile étant un plan, cela donne l'impression de voir une toile en trois dimensions et aux multiples plans, dont nous spectateurs sommes des figures, qui se déplacent, restent debout, s'assoient, s'allongent ou s'assoupissent. Le seul endroit qui permet de voir ce tableau est d'être sur le balcon, afin de ne plus faire corps avec celui-ci.

Cedric Nolland
Titre : Imagine Van Gogh
Artiste : Annabelle Mauger, Julien Baron et Van Gogh
Commissaire d'exposition : Annabelle Mauger et Julien Baron
Adresse : Grand Halle de la Villette - 211 Avenue Jean Jaurès - 75019 Paris

Date : 23 juin – 10 septembre 2017

Site :
Dossier pédagogique :








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