Le souffle
des chimères
Galerie
Mélanie Rio – 21 septembre au 27 octobre 2012
Inès et Ruben
réfléchissent à la façon dont ils vont rédiger la chronique.
-C’était un dialogue où
on devait imaginer la chronique ?
- Ouais c’était ça.
-Bon, on commence par
quoi ?
- Bah, par la porte.
-Tu devrais préciser la
porte d’entrée de
la galerie.
-Non j’précise pas.
-Pourtant je trouve
qu’elle est importante, parce que c’est une vieille porte
d’immeuble qui passe
inaperçue.
-C’est vrai, j’voulais
juste pas préciser «d’entrée ».
-C’était étrange qu’il
faille sonner et que le type vienne nous ouvrir.
-Ouais, ça faisait un peu
…Ca faisait un peu…
-« Bienvenue chez
moi ! » hahaha ! !
- …rendez-vous comment
dire… intime.
-Ouais.
En tout cas le galeriste était très accueillant.
- Euh ! Moi j’vais
dire une connerie là !… Non en fait ça fait un peu trop…
-Ouais, après on va plus
rien comprendre à notre mise en abyme.
- Un peu comme dans l’expo
en fait.
-Euh ? pourquoi ?
- Bah si, un peu.
-Une maison dans une
maison ?
-Non, mais une expo de
trucs qu’on peut trouver dans une maison, replacés dans une
maison.
![]() |
Linda Sanchez: Tissus de sable 2012
|
![]() |
Julie Béna : Eclaircie 2 (vidéo
projetée, 2012)
|
-Ouais comme le tapis fait de sable et les photos de familles taguées exposées au dessus de la cheminée.
-Oui ! et la fenêtre
projetée sur le mur, où on a joué comme des gosses, comme dans
notre maison d’enfance, tu t’souviens ?
-Aha ! avec cette
phrase on dirait qu’on est frère et soeur !
- Mais ce qui est marrant…
mais ce qui est fou, c’est que certaines oeuvres sont…intrigantes.
Des formes euh…
-Tu parles de celles au
sous-sol qui semblaient être faites en ciment, enfin toutes dures
quoi, et qui prenaient des formes toutes molles.
- Oui ! l’alphabet !
-C’est vrai que la façon
dont elles étaient disposées sur le sol faisait penser à une sorte
de langage.
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Sophie Dubosc
|
-Comme un langage
universel, mais qui semblait tellement détaché de l’univers de la
maison, que j’en avais peur ! Heureusement que t’étais là !
-Oui, c’est vrai que
c’était très angoissant ce sous-sol blanc, et puis tu te souviens
de cette boîte de conserve suspendue au plafond par un fil avec
une sorte de liquide à l’intérieur ?… étrange.
-D’où tu me l’as
montrée, avec le bruit… non… la musique de l’étage au dessus,
c’était terrible !
-C’était angoissant,
mais ce qui est étrange, c’était que ces volumes exposés
s’inséraient parfaitement dans l’architecture du lieu
d’exposition.
![]() |
Sophie Dubosc
|
Hé ! D’ailleurs,
on devrait parler des strates : au sous-sol ce qui est exposé
semble neutre, fait de matériaux pauvres, puis au rez-de-chaussée,
ça prend vie ça bouge, et puis tout en haut, il y a cette vidéo,
avec des gens qui parlent, qui vivent.
- Wow ! Le
monologue !
-T’as rien d’autre à
dire ? tu dis juste ça ?
-Euh, si… La vidéo à
la fin, elle était un peu longue.
-Ouais. On a passé
combien de temps à la regarder ?
-C’était long, genre
c’était pas un film, ni un documentaire ou un reportage. C’était
la maison.
-Mais carrément !
Une vidéo intimiste sur la vie de cette petite fille trisomique…
-En fait, c’était comme
une fenêtre quoi !
-Et nous on est des
voyeurs…
-Ouais j’étais mal à
l’aise car je ne suis pas un voyeur.
-Tu trouves pas que la
notion de voyeurisme est super présente dans cette expo ? On
rentre dans une maison déjà, et puis tout fait penser à
l’intérieur de chez quelqu’un.
-Ouais enfin on était
quand même invités !
-C’est ça qu’est
bizarre.
-Mais t’as raison
j’voulais faire plein de bêtises.
-On voulait tout toucher,
sans aucune gêne, comme si on était chez nous.
Le téléphone sonne.
-Je répondrais plus tard.
Inès et
Ruben
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