Manuel Álvarez Bravo. Un photographe aux
aguets (1902-2002)
Jusqu’au 20 janvier 2013
Jeu de Paume, Paris
En
pénétrant dans ce parcours je suis restée immobile face à la façon de l'artiste
de partir d'un détail insignifiant de la vie quotidienne ou d'un cliché de la
tradition de sa culture pour en réaliser une image irréelle, une forme presque
divinisée et indépendante en elle-même, loin de toutes connotations. Matelas,
rideaux, arbres, marches, papiers, orgues, rochers... deviennent à travers ses
photos des formes abstraites entre le minimalisme et le surréalisme. J'ai
retrouvé dans ses images, synthétiques et absurdes, ce que moi j’essaie
vainement d'exprimer avec la poésie. J'ai aperçu ses photos-poèmes comme une
recherche en cours et au même temps comme une réalisation aboutie de l'objectif
d'expression préétablie.
Dans
plusieurs photos avec des contextes complètement différents on retrouve la même
attention pour la forme circulaire, dans un autre ensemble de photos il
s'attarde plutôt à travailler des formes bien plus géométriques et ses ombres
nettes. Ce sont ces formes, plutôt que les sujets, qui nous permettent de créer
des liens entre ses images et de passer de l'une à l'autre avec la même
fluidité que dans un film. Par contre pour ce qui concerne les sujets on
remarque qu'il y a une grande majorité d'objets non vivants, immobiles et de
détails plutôt que de personnages et pourtant le mouvement est partout !
Même
dans les scènes où il y a des personnages, il ne se passe rien, il n'y a pas
d'action. Ils sont allongés ou plongés dans leurs pensées ou en attente et
pourtant le jeu des formes crée un mouvement dans chaque image.
Dans
ses photographies on a l'impression que le temps n'existe pas, c'est plutôt
l'instant qui règne comme une répétition infinie.
Une
phrase de Bravo m'a absorbée:
« La
statistique est la quintessence de la dynamique »
Federica Ruggieri
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