La lyre d'ivoire
Henry-Pierre PICOU (1824-1895) et les Néo-Grecs
NANTES-Chapelle de l'Oratoire 25
octobre 2013 - 26 janvier 2014
MONTAUBAN-Musée
Ingres 21 février - 18 mai 2014
Commissariat
général :
Blandine
Chavanne, directrice du musée des beaux–arts
de Nantes
Florence
Viguier-Dutheil, Conservatrice du Patrimoine, Directrice du musée
Ingres de Montauban
Commissariat
scientifique :
Cyrille
Sciama, chargé de la collection XIXe
Scénographie :
Silvio
Crescoli
Communiqué de presse:
Une exposition sur les Néo-Grecs à Nantes ! Quel manque de perspicacité de la part du Musée des Beaux-arts, se dira t-on, d'exposer la crème des conservateurs de l'Académisme 19ème qui nous ennuie tous. Sexistes, impérialistes et anti-modernes, tout ce qui mériterait notre opprobre. Et pourtant, à regarder leurs peintures de plus près, nous ne sommes pas si éloignés des œuvres de nos puissants collectionneurs européens.
Regardons, par exemple, la peinture qui parachève le style néo-grec de Jean-Léon Gérôme : Le prisonnier. Une barque orientaliste, mené par l'artiste lui-même, transporte un prisonnier, Charles Gleyre, son maître. L'analogie avec A Perfect Day, de Maurizio Cattelan (son galeriste scotché au mur) n'a guère besoin d'être démontrée. L'amusement des puissants à jaser des « clash » entre personnalités non plus. Les Salons de l'époque faisaient déjà office de « Closer » pour la « bofitude » aristocratique. Ça, tout le monde le voit ! Ce que l'on voit plus difficilement chez Gérôme, c'est la mort de Dieu. La mort de l'Autorité au sein même de ce que l'on identifie d'une manière générique comme l'Académisme. Gérôme avait commencé à tuer l'autorité antique avec son Combat de coqs (il désacralisait le regard sur l'antique par la représentation du quotidien), il achèvera cette autorité en lui substituant un modèle relatif, l'Orientalisme, qui n’a plus que le statut de puissance suggestive.
Depuis 1861, Dieu n'a certainement pas ressuscité. Ce n'est donc pas à l'Autorité que Cattelan s'est attaqué en 1999, mais à un Pouvoir. Et de même qu'il a fallu longtemps aux Européens pour admettre la mort de Dieu, de même il faudra encore quelque temps avant de pouvoir comprendre quel Pouvoir n'est déjà plus. Au-delà de la peinture en elle-même, on voit donc que l'art des néo-grecs cristallise des tensions internes à la société conservatrice de leur époque et que cet art ne peut que faire écho à notre art contemporain qui lutte lui aussi tant bien que mal à s'émanciper d'un système libéral nécrosé. Pour une fois, remercions donc les Académistes de nous mettre un miroir sous les yeux !
Antoine Perroteau
Jean-Léon Gérôme, Le Combat de
coqs, 1847
Jean-Léon Gérôme, Le prisonnier 1861 |
Maurizio Cattelan, A
Perfect Day, 1999 (Hors exposition)
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