ICONOCLASTIE
(Franck Gerard - En
L'Etat / juillet 1999 - aujourd'hui)
Galerie MelanieRio
(NANTES)
du 31 janvier 2014 au 22
mars 2014
http://www.franckgerard.eu/
La
photographie traverse aujourd'hui une période de transition, où elle se détache
des maîtres des années 70-80 pour s'élancer vers une photographie du quotidien,
un mouvement d'images crues, simples, qui tendent à évoluer vers des atlas de
scènes du monde. Ce n'est pas moins bien. Mais c'est délicat. Toutes les
périodes de transitions sont des périodes délicates. F. Gerard fait partie, à
première vue, de ces photographes de l'instant, du réel, et l'exposition
présentée à la galerie MelanieRio semble refléter une sorte de rétrospective du
travail de l'artiste.
L'organisation
à proprement parler reste intéressante. La pièce du bas mêle peinture, photo,
et sexe, on retrouve l'influence des artistes en marge des années 90, comme
Clark ou Goldin, mais aussi T. Richardson par exemple, dans un enfer de néons
rouges. Le travail offert par F. Gerard a un intérêt particulier dans cette
société où la pornographie occupe une place très importante. Pourtant, dès que
l'on retourne dans les trois pièces du bas, il y a comme un malaise. Des photos
exposées sommairement sur les murs, des tirages brûlés au niveau du visage des
protagonistes, et cette étrange série d'arrêts de bus où les pubs de femmes en
petite tenue sont censées rendre compte d'une société sexiste et vaniteuse…. Le
manque de cohérence dans ces trois pièces me semble être un détail douloureux qui
devient un handicap lors de la visite des œuvres.
Pour
revenir sur la série Arrêts de bus, qui est par ailleurs intéressante
esthétiquement parlant, j'ai trouvé cela un peu simple, peut être, de parler de
sexisme en photographiant des publicités de sous-vêtements. Quel est le message
de ces photographies ? Y'en a t'il un ? L'artiste semble ne pas vouloir montrer
son réel positionnement face aux problèmes abordés, et il laisse alors un
spectateur frustré, en doute, pas vraiment sûr de ce que pense l'auteur, et pas
vraiment sûr non plus de ce qu'il faudrait en penser.
C'est
dans la dernière salle, en haut de la galerie, qu'une nouvelle réserve apparaît
alors. L'accumulation de clichés : le message est clair sur notre société
d'images et de désordre, mais l'artiste semble avoir décidé de ne pas
s'intéresser aux formats de ses photos. Je suis pour ma part assez réservée
concernant ce parti pris, attendant sans doute une installation plus dirigée
pour contraster avec l'étendue numérique des tirages.
Dans
l'ensemble, F.Gerard est un photographe qui capture un instant de vie et de
société de manière intéressante et parfois pertinente, mais les réserves des
formats, l'accumulations de travaux trop différents (et peut être trop nombreux
compte tenu du statut de galerie du lieu) nous laisse un goût de non-fini (et
non pas d'infini) qui s'éloigne doucement sans marquer réellement nos esprits.
Nanténé Traoré.
(Quelques
photographies hors habitat naturel!)
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