Les
bêtes du sud sauvage
– 2012 – Benh Zeitlin
Synopsis :
« Hushpuppy, 6 ans, vit dans le bayou avec son père.
Brusquement, la nature s'emballe, la température monte, les glaciers
fondent, libérant une armée d'aurochs. Avec la montée des eaux,
l'irruption des aurochs et la santé de son père qui décline,
Hushpuppy décide de partir à la recherche de sa mère disparue. »
Les
bêtes du sud sauvage
est un film sur la puissance de vivre, sur l’élan vital dans ce
qu’il a de premier, presque animal. C’est un hymne à la vie dans
ce qu’elle a de plus essentiel et cru, loin des implications
économico-culturelles que l’on connaît aujourd’hui dans les
sociétés néolibérales. Pour le faire ressentir, le réalisateur,
Benh Zeitlin, pousse plus loin les facultés sur lesquelles repose
cette vie primitive en magnifiant de façon crue et sensorielle les
aptitudes de chacun. Il y a toujours quelque chose d’extrême dans
l’usage des capacités, un geste excessif produit par un
dérèglement. Quand la petite fille fait la cuisine, pour allumer le
feu, elle utilise un
lance-flamme, ce qui fait que l’on perçoit la possibilité de
cuisiner comme un rite fort nous renvoyant dans sa technicité
d’aujourd’hui à des temps immémoriaux, ceux de la préhistoire.
Jeu de paradoxe que nous pouvons retrouver également avec un bateau,
qui est aussi un objet archaïque fait d’éléments contemporains
(benne de pick-up). Ce qui est en jeu c’est de rendre sensible à
nouveau des gestes, devenus chez nous insensibles, nos sens, en
produisant des excès dans la représentation, dans les visibilités
que nous donne à percevoir le réalisateur. On pourrait dire qu’il
nous installe dans un temps préhistorique contemporain d’un clan,
d’une meute qui se bat pour survivre contre l’adversité
présentée par la société libérale installée derrière la digue.
Ces familles du bayou ne demandent rien que de vivre leur liberté,
c’est pour cela que c’est un film puissant. La question n’est
pas de sortir de leur pauvreté, mais qu’on les laisse vivre cette
liberté qui est à eux et pour laquelle ils se battent.
Par
une modeste production
(coût du tournage : 1 800 000 dollars),
le collectif Court 13,
a su utiliser les ressources du lieu du tournage. Á la fois par un
casting populaire composé de volontaires, tous des amateurs locaux,
mais également la confection des décors avec des matériaux de
récupération, au point de les réhabiliter par la suite...
Josselin
THOBY
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