Jennifer
Allora & Guillermo Calzadilla
13
septembre - 16 octobre 2013
Co-produit
avec le Festival d’Automne à Paris
Galerie
Chantal Crousel 10 rue Charlot Paris 3ème
Après
vingt minutes de marche intensive dans les rues du Marais parisien
nous voilà arrivés devant l’entrée de la galerie Chantal Crousel
cachée au fond d’une cour. J’ouvre la porte, je prends mon petit
papier explicatif et je pose mes fesses sur un des quinze cubes mis à
disposition pour pouvoir regarder la vidéo projetée. Malade,
j’essaye de couper mon souffle fort qui résonne et fait mauvais
écho à la vidéo, la pièce est sombre et le silence règne, je ne
veux pas déranger. Allora & Calzadilla ont réalisé un film qui
tente de représenter, en termes visuels et musicaux, un processus de
transcription de la figure de la Vénus en musique, utilisant les
proportions de la statue comme une gamme musicale. Ils ont demandé
au compositeur David Lang d’écrire un solo pour violoncelle à
partir de ces règles. Pour le film, la violoncelliste Maya Beiser
joue la composition de David Lang à la Vénus de Lespugue originale.
Vidéo émouvante, ce ne sont que des gros plans sur le visage de la
violoncelliste, sur ses doigts qui tapotent les cordes, sur la
colophane qui s’échappe de ses gestes. J’écoute la mélodie
grave dans une ambiance sensuelle…Je suis alors prise d’une
quinte de toux, je me lève, je trébuche, je dois sortir.
Deuxième
round, je re-rentre et au moment deressortir pour partir, quelqu’un
m’agrippe le bras, « Ce n’est pas fini il y en a une
autre ! ». Cette salle était cachée mais j’étais
tellement gênée d’être malade et de déranger par mes raclements
de gorge que j’ai presque fait exprès de ne pas la voir. Surprise,
un homme chante, il racle sa gorge comme moi, je ne comprends pas
vraiment ce qu’il se passe, il communique avec des ossements.
J’essaye de regarder mon petit papier pour comprendre mais plongée
dans le noir je ne peux pas lire. Pourquoi faire un concerto pour
animaux morts ? C’est comme s’il leur racontait une
histoire. L’archéologie, la musique et la performance se mêlent,
les artistes s’inspirent et jouent de la science avec des faits
quasi fantastiques. Silence, la vidéo l’impose. Ça me rappelle
l’homme qui tente de communiquer et de créer des nouvelles
relations avec des animaux en captivité, comme l’expérience
organisée par des musiciens qui avait pour but d’étudier l’impact
de la musique humaine sur des espèces non-humaines au jardin des
plantes de Paris je crois, vers 1789.
La
vidéo se termine, je dois sortir mon état de santé empire.
Lumière, j’en profite pour rouvrir le papier que je tiens dans la
main depuis trente-cinq minutes sans pouvoir en lire une miette. En
fait « les concepts d’homme, de vie et de nature, ainsi que
les frontières entre eux, définies par leur rapport à la guerre,
la captivité, l’esclavage et d’autres formes de domination et de
contrôle social et politique, émergent à cette époque »
(j’imagine la révolution). « A cela s’ajoute la question
de la musique en tant que possible métalangage inter-espèces, un
mode de communication proto-linguistique, non-symbolique et affectif
dont la base est biologique et évolutionnaire.
Les
artistes ont exploré dans l’ensemble de leurs films les relations
entre les proportions et les disproportions, l’harmonie et le
déséquilibre, des relations commensurables et incommensurables. Je
rentre ça m’a épuisée.
Apotome
Camille
Coléon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire