Le temple du goût
Romain Leblanc
Ma vie est plus belle que
la votre
Lors de l'exposition au Temple du goût
à l'occasion de la quinzaine photographique, j'ai pu découvrir le
travail de Romain Leblanc : « Ma vie est plus belle que la
vôtre ».
Ici Romain Leblanc a travaillé sur la
photographie amateur et le selfie, et plus particulièrement sur le
sujet du narcissisme dans le selfie.
Pour cela Romain Leblanc s'est mis en
scène dans une série de publications sur le célèbre réseau
social « Facebook ». On le voit par exemple avec une
liasse de billets, dans un bain moussant, nu dans sa salle de bain,
ayant fait un gâteau,...
Lui bien sûr, caricature ses selfies,
ne travaillant pas ses poses, ne les embellissant pas avec des
filtres et se moquant bien de son apparence, contrairement à un
selfie normal.
Dans ces mises en scène il a voulu
critiquer le fait que notre bien-être soit devenu dépendant du
désir de plaire, de séduire, d'être aimé et de convenir aux
autres.
Il critique le fait que dans la culture
actuelle ce soit un passage obligé, pour crier à tout le monde :
« Je suis normal, j'ai des amis,
je fais des voyages et ma vie sexuelle existe ».
Il dénonce que le seul moyen de se
représenter actuellement soit de montrer à tout le monde qu'on
convient à la société, ou pire encore, que l'on est au-dessus des
autres : qu'on sort plus, qu'on a des jambes plus fines, qu'on
va plus au restaurant, qu'on voyage plus, qu'on bronze plus, qu'on a
des dents plus blanches...
Il dénonce le selfie comme ce qu'il
est : un stigmate du narcissisme contemporain et toute cette
machine, comme un abandon du contact humain, pour un rapport virtuel,
irréel et un individualisme grandissant, à vouloir montrer que l'on
est mieux.
Mais il critique aussi cette
utilisation du selfie, presque obligatoire, comme un enfermement dans
la société.
Il est parfois difficile de dénoncer
ce dont nous faisons aussi partie, mais la leçon de Romain Leblanc
est intéressante.
Et je trouve ce travail d'autant plus
pertinent qu'il rentre dans le cadre du sujet « Heureux
qui... », est-ce vraiment ici un idéal du bonheur pour les
nouvelles générations qui tendent de plus en plus à s'illustrer
comme cela ?
Line Bourdoiseau
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