« Histoires de
fantômes pour grandes personnes »
Exposition in situ de Georges
Didi-Hubermann et Arno Gisinger, au Fresnoy.
Du 5 octobre au 30 décembre 2012
Il s’agit d’un
hommage au philosophe contemporain Aby Warburg (1866-1929) et à son
travail « Mnémosyne ». Ce grand atlas réunissait des
milliers d’exemples traitant de l’entrecroisement des images de
notre société. A.W. parle de psychologie, et de la trace que
laissent les images/ les souvenirs en nous. Les « survivances ».
Depuis 2010, G. D-H. a
réalisé trois expositions sur cet Atlas – au musée Reina Sofia à
Madrid ; au ZKM à Karlruhe et à la fondation Falckenberg à
Hambourg. Cette quatrième édition, au Fresnoy, est accompagnée des
photographies d’Arno Gisinger. Celles-ci sont des traces des trois
expositions précédentes.
C’est donc dans
l’immense nef du Fresnoy que le philosophe et anthropologue réalise
un nouvel accrochage. A partir de la planche 42 d’A.W., consacrée
aux lamentations funèbres. Trente-huit vidéos sont projetées sur
le sol, alors que nous sommes sur une rambarde deux mètres plus
haut. Ce sont des extraits de films, de documentaires, des photos,
des dessins, des peintures qui sont en relation avec ce thème. Elles
agissent comme un répertoire, une accumulation. Seul un son est
diffusé à chaque fois, mais on ne sait de quelle image il provient.
Elles défilent, s’arrêtent, recommencent. S’effacent.
Réapparaissent. Vont des fresques de Giotto aux films politiques du
chinois Zhao Liang, en passant par « Vivre sa vie » de
Jean-Luc Godard et les vases peints des potiers grecs du VI av. J.C .
On admire l’exhaustivité de l’ouvrage. Tout y est, tout est
balayé. On parcourt des siècles de société grâce à ces
extraits.
L’ambiance est
glaciale. D’abord par le lieu désert puis par l’immensité de
cette proposition (1000 m²). C’est saisissant. Les sons des vidéos
nous paraissent sortis tout droit de notre imagination. G.D-H.
réveille nos fantômes …
Sur les 115 mètres de
murs qui entourent la passerelle, les photos d’A.G. sont affichées.
Sans cadre, sur papier mat, tirées en format A0 (soit 1 m² par
image). On est happé par leur taille et leur beauté. Seraient-elles
réelles ? Elles sont les témoins des expositions précédentes.
Leur trace. Leur survivance.
Pour conclure, une œuvre
monumentale (par la taille mais aussi son exhaustivité). Qui fait
réfléchir sur notre mémoire personnelle et collective. Extrêmement
sensible.
Clémence Delille
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