Pour la dernière et pour la première
fois, Sophie Calle, Galerie Emmanuel
Perrotin, Paris
Du
08/09/12 au 27/10/12
De
Sophie Calle, je connaissais déjà sa série «Les
Aveugles» dans laquelle elle demande à des aveugles leur conception de la
beauté. L’exposition ici présentée explore des thématiques similaires.
Dans
la première partie, des portraits photographiques de
personnes aveugles sont posés sur les murs. Ce sont des personnes auxquelles
Sophie a demandé de parler de la dernière image dont ils se souvenaient avant
de perdre la vue. Un texte encadré et des photographies
diverses accompagnent ces portraits. Tandis que le texte retranscrivant les
paroles de ces personnes est le récit de chacun, les autres images sont
choisies par Sophie et illustrent l’image qui ressort le plus du récit, et ceci
de la manière la plus neutre et épurée possible. Pour certains, elle montre
l’image telle qu’on la verrait nous-mêmes dans les mêmes conditions physiques, pour
d’autres elle ne fait que suggérer cette image par des indices, enfin pour un
troisième type de photos, c’est la personne devenue aveugle qui mime les
évènements. Cela dépend de la manière dont celle-ci a vécu l’évènement et de la
nature de celui-ci.
Pour
quelqu’un qui voit normalement, ces images sont tout à fait banales, mais le
contexte dans lequel Calle les place, en tant que représentation du dernier
souvenir de la vue d’une personne, les rend d’autant plus tragiques et touchantes.
Néanmoins,
je ressors de ces deux salles avec une impression mitigée, car aussi épurées et
neutres soient les images - évitant ainsi un sentimentalisme facile - j’ai
l’impression que le tout manque de profondeur, que Calle ne se contente que
de traiter le sujet superficiellement.
Dans l’un des récits par exemple, un homme raconte que c’est un lever de soleil
sur un port qui représente la dernière image dont il se souvienne. Calle se
contente alors simplement de montrer une photographie de lever de soleil sur un
port telle qu’on le verrait sur une carte postale. Un peu simplet, surtout que
peu de ses photographies arrivent à se
démarquer réellement d’une représentation littérale de l’image décrite, même si
pour certaines, elle entretient un lien plus intéressant et plus subtil avec le
récit.
Dans
la salle suivante, je fais face à six écrans posés par trois sur deux murs
perpendiculaires. Dans chacun de ceux-ci, une personne
est filmée de dos et fait face à la mer. J’apprends alors que ce sont des
personnes qui n’ont jamais vu la mer auparavant, et que Calle a filmé leur
première fois. La salle suivante présente la même chose, à la différence qu’il
n y a que trois écrans, qu’ils sont plus grands, et que chacun occupe un mur.
Là encore, Calle laisse place à l’essentiel : La personne concernée et la
mer. Chacun regarde celle-ci pendant quelques minutes, puis se retourne pour
faire face à la caméra.
Après un moment, l’écran tourne alors au blanc. La
démarche est particulière, car de dos, il est plus difficile de savoir comment
réagit une personne. On se doute néanmoins que c’est pour eux quelque chose
d’important, qu’ils sont fascinés par cette étendue d’eau qui leur fait face et
qui semble être infinie, mais la manière de filmer nous place dans une attente,
jusqu’au moment où la personne se retourne, et où on peut lire les
émotions sur son visage.
Là
encore cependant, je trouve le tout superficiel. C’est touchant, Calle réussit
à jouer avec nos émotions, mais le tout me semble trop enfermé dans son sujet
pour que je sois réellement intéressé par ce qui se passe sur les écrans.
L’épure et la distance dont Calle fait preuve sublime cette émotion, mais c’est
tout.
Je
ressors de l’exposition mitigé au final. L’ensemble m’a touché, mais je ne peux
m’empêcher de penser que le tout manque de profondeur.
Alexandre
Gaud-Chevreux.
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