DEUX
SPECTACLES NUMERIQUES
NOBODY
de Cyril Teste au Grand T
HIKIKOMORI,
LE REFUGE
de Joris Mathieu au Théâtre Le Quai
Tout
commence dans une salle de réunion
Je
dirais qu’ils étaient entre huit et dix
Dans
une pièce aussi blanche que froide
Une
table et des chaises comme seuls mobiliers
Elles
sont brunes
Ils
sont bruns
Cheveux
longs mais attachés pour elles
Cheveux
courts mais bien coiffés pour eux
Ils
discutent argent et entreprise
Parlent
de licenciement
Puis
ils sortent, tous, dossiers en bras
Se
dirigeant un à un vers leurs bureaux
Vaste
pièce aussi terne que la précédente
On
appelle ça un “open space”
C’est
un cabinet de conseil en restructuration d’entreprise
Le
personnage principal est Jean Personne
Il
est enfermé dans son travail qui lui prend tout son temps, le prive
de toute émotion et le coupe de la seule personne proche qu’il
semble avoir, sa femme.
Il
va alors vite avoir conscience de cette emprise qui ne fait que
l’enfermer sur
Lui-même.
Nous,
nous avons le choix de suivre son histoire sur scène ou sur l’écran
installé juste au-dessus des comédiens. Mélangeant théâtre et
performance filmique, “Nobody”
offre une façon de faire et de voir unique. Les acteurs jouent sur
le plateau comme une pièce de registre classique, cependant, la
présence de deux caméramen et des monteurs en régie créent de
plus un film en direct.
Nos
yeux n’ont plus qu’à se balader.
Ailleurs,
nous suivons “Hikikomori,
le refuge”
grâce à la voix d’un des trois personnages à l’aide d’un
casque donné à l’entrée de la salle de spectacle. La pièce
mélange le jeu des acteurs avec des vidéos projetées. La
scénographie est très spéciale ; un écran incurvé occupe presque
tout le plateau, les acteurs peuvent y pénétrer créant ainsi une
illusion “holographique”.
Ce
que l’on voit paraît irréel, et c’est ce qui fait que ce
spectacle est unique.
L’histoire
est celle de Nils, jeune garçon aux relations et communications
compliquées. Il s’enferme dans sa chambre, il n’en sortira plus.
Son
père et sa mère sont inquiets et vont tout faire pour le sortir de
cette situation, en vain.
Les
deux spectacles, confessions de deux jeunes hommes seuls et perdus,
font entrer des techniques numériques qu’il est de plus en plus
fréquent de voir au théâtre.
Peut
être est-ce une suite logique pour le théâtre contemporain.
Eva
Habasque
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