L'extranéité du monde, le vide, le corps comme réponse.
« Tout mon
corps participe au travail, 'à la mesure des bras grands ouverts'. C'est
avec des gestes que j'écris dans l'espace donné, des pulsations, des
pulsions. » nous dit Judit Reigl.
Chez Judit
Reigl, ce qui happe peut-être le plus, c'est cette écriture corporelle,
viscérale qui transcende son œuvre. Toujours entre surgissement et
ensevelissement, apparition et disparition, construction et éclatement,
sa peinture devient matière, son écriture se fait physique.
Juste une envie, une de ces « pulsions de corps » qui vous prend parfois : sauter, bondir, crier...
Ce fourmillement insupportable qui ne la quitte pas.
Hurler à la face du monde « je suis une bacchante ! ».
Ça
lui remonte dans l'œsophage et la prend à la gorge. Voilà que ça la
reprend, des jambes qui bougent seules, des borborygmes qu'elle déverse à
chaque refrain d'une chanson qu'elle sait à peine balbutier.
Elle
voudrait s'extirper de cet univers étriqué où le corps limite l'esprit.
Ce corps-entrave deviendrait alors son piège à mot, son attrape-rêve
pour inventer un nouveau langage, plus total, plus absolu.
C'est ainsi
que Judit Reigl nous parle dans son œuvre - grâce à cette écriture si
personnelle – tantôt avec une énergie presque explosive, tantôt avec un
peu de cette étrange douceur que l'on retrouve dans des œuvres plus
apaisées.
Judit Reigl
nous propose une véritable chute libre, suivie d'un flottement dans un
espace éthéré d'où nous parviennent des bribes de cette écriture
parallèle, toute gestuelle, dont elle est l'auteur.
Claire Mizzon.
L1 Audencia
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire