Edwin Apps
« les sans voix » et « il fait jour »
Galerie d’art contemporain Alain Rouzé, Nantes
« les sans voix » et « il fait jour »
Galerie d’art contemporain Alain Rouzé, Nantes
L’entrée dans
l’univers des sans voix d’Edwin Apps m’arrache un sourire tant ces
personnages aux couleurs vives et visages lisses m’étonnent, la marée
des visages identiques, bouches bée, me submerge, m’imposant le silence
voire l’adoption d’une expression similaire. Ces visages privés de
parole dénoncent l’impuissance du peuple d’aujourd’hui à s’exprimer, des
hommes aphones, incapables de faire entendre leurs voix et surtout
leurs critiques, amenés alors à tolérer une politique révoltante, celle
de Bush, qu’Edwin Apps critique ouvertement.
Edwin
Apps a fait l’expérience de la vie retirée du monde actuel, de sa
globalité, en décidant de renoncer aux moyens de communication qui nous
sont aujourd’hui indispensables. Exilé pendant un demi-siècle, il
ressort de l’ombre et découvre un monde qu’il ne comprend pas, un monde
absurde. Il exprime alors l’agressivité de la lumière rentrant dans une
pièce montrant que le jour est levé, signalant le départ de la journée,
des activités familières, peut-être trop… dès lors le monde extérieur
est l’effrayant reflet de l’hostilité primaire de la nature et l’envie
de rentrer, de s’enfermer pour n’avoir que pour seule compagnie les
divagations de mes pensées me prend, irrésistible et troublante
révélation de l’angoisse refoulée de sortir au grand jour, d’affronter
la vie. Je me sentais alors terriblement proche de l’homme qui devant
moi redevenait l’enfant à la fois craintif et curieux mais qui, pour
grandir, devait quitter son cocon et la chaleureuse douceur qui y
régnait. Le message politique de l’artiste, indispensable à mes yeux
afin d’apprécier ses œuvres s’estompe dès lors que chacun trouve la
résonnance personnelle qui lui permet de ressentir l’œuvre…
C’est
la vérité troublante, crue que nous offre l’étonnant Edwin Apps,
incisif, plein d’humour et avec cette part d’enfance rafraichissante
dans un monde trop grave et trop sérieux, où le rêve et les convictions
disparaissent trop souvent dès l’entrée dans la « cour des grands »…
Lucile Sanquer
L1 Audencia
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