Du 1er au 12 octobre 2018 à Trempolino, Nantes
The Blind est un artiste diplômé des
Beaux-Arts de Nantes, il fait également partie du collectif 100
pression. Son travail naît, vit et se déploie dans la rue depuis
les années 2000. Récemment il se met à investir aussi les lieux
d’exposition.
Dans cette expo il mélange avec
sarcasme et provocation graffitis et textes en braille.
Le lieu diffère du White Cube
traditionnel puisse que nous nous trouvons dans un bar. Selon moi, ce
lieu participe à désacraliser l'espace d'exposition. Le rapport
œuvre/spectateur conventionnel est lui aussi désacralisé avec une
pancarte « Merci de bien vouloir toucher » qui rappelle
d’ailleurs une œuvre de Marcel Duchamp au titre éponyme.
L’artiste procède d'abord par
l’écriture des lettres en braille au pochoir puis il colle des
demi-sphères en plâtre. Le lieu où il réalise ces graffitis pour
aveugle participe grandement au sens de son message (par exemple, sur
le Palais de justice de Nantes où il écrit, « Pas vu pas pris »).
Le choix du langage propre au street
art lui permet une plus grande visibilité. On pourrait dire que
c'est un art « gratuit » : l'œuvre appartient à la
fois à personne et à tout le monde.
Durant l'exposition, nous sommes
invités à traduire le braille. Ainsi, le regardeur mène une
action, donc participe directement.
Le fait de décoder, transcrire les
œuvres, rend l'expo plus ludique. À la fin on connaît presque par
cœur quelques lettres du langage braille (si l'on joue le jeu) à
force de répétition.
Déchiffrer, mener notre enquête nous
oblige à rester plus longtemps devant l'œuvre donc à s’imprégner,
à changer notre regard.
Le thème de la cécité est, je
trouve, original car utiliser l'art pour en parler est plutôt
paradoxal. En effet c'est quelque chose qu'on ne peut justement pas
voir : The Blind cherche à rendre accessible, « visible »
l'Art à tout le monde (et donc aussi aux personnes atteintes de
cécité). D'autres artistes ont travaillé sur ce sujet, je pense
entre autres à Sophie Calle ou encore à Patrick Tosani.
Paola Bonami
The Blind, Adeline
Moreau photo argentique en noir et blanc, calque et demi-sphères en
plâtre.
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