Les
11 et 12 octobre, le lieu unique a présenté une pièce de Martine
Pisani : « Sans ». Audacieux pari de présenter un
spectacle de danse sans musique, sans jeu de lumière, sans éléments
de décors, comme son nom l’indique. Avant d’avoir vu le
spectacle, on pense facilement à Yvonne Rainer, à une danse
minimaliste, dépourvue de tout élément superflu, qui cherche à
sortir du standard d’une danse qui se veut gracieuse, élégante.
L’absence
de variation de lumière permet tout d’abord de diminuer le mur
entre la scène et le spectateur. Le public est quasiment éclairé
de la même manière que les danseurs, avec un éclairage simple,
comme dans n’importe quel autre intérieur. On se sent facilement
plus proche du danseur, notamment par le fait qu’il puisse nous
voir, ainsi peut s’installer un dialogue entre la scène et le
public. Ce dialogue avec le spectateur passe par des éléments très
simples, néanmoins forts : un regard, une expression, des
onomatopées, quelques phrases. Les danseurs passent un moment
immobiles face au public, seuls leurs visages passent par beaucoup
d’émotions, principalement leurs yeux.
Le
dialogue se fait également avec l’emprunt de gestes du quotidien
et par des gestes connotés, faisant référence à certains sports
ou à la culture hip-hop. Cette pièce pose la question de la place
du mime dans la danse, la place de la partie jouée. On se demande où
est la danse ? Où est le jeu ? Un grand jeu sur les
expressions du visage est mis en place, les danseurs prennent presque
un rôle de comédien. Cela se traduit par un rire récurrent du
public face à ces parties mimées. Le spectacle est présenté en
plusieurs parties, pas forcément bien reliées entre elles, sans
transition. Néanmoins Martine Pisani joue avec toutes ces
frontières, se heurte à des limites, tout cela avec une grande
délicatesse.
Theo
Kooijman, Laurent Pichaud, Olivier Schram nous montrent une belle
cohérence dans leur danse, dans un tableau où ils apparaissent
aussi bien ensemble qu’en opposition. La nudité de la scène
laisse place à une multitude de placements, déplacements, de
configurations. Ils occupent la scène de manière méthodique, en se
regroupant, en se séparant, en agissant ensemble, puis tour à tour.
Ils deviennent eux-mêmes éléments du décor, les uns pour les
autres, les uns par rapport aux autres.
Suzanne
Guillemois
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