vendredi 24 octobre 2014

Niki de Saint Phalle


Niki de Saint Phalle, exposition au Grand Palais du 17 septembre 2014 au 2 février 2015 à Paris
Commissaire d'exposition: Camille Morineau


Niki de Saint Phalle, une beauté armée, l'esthétique d'un combat. 

        Ses œuvres sont chargées pas sa révolte et ses munitions sont ses idées.

Je marche dans les allées de son évolution, de sa résolution, et je comprends au fur et à mesure de mes déambulations ce que l'artiste dénonce et démontre, au travers de son oeuvre.
D'abord une observation, comme une étude de la femme et de sa condition. Toujours accompagnées d'une comparaison avec l'homme, ses créations sont résolument féminines (pas encore tout à fait féministes). Elle répond à l'homme sceptique: "évidemment que mes œuvres sont féminines, je suis la créatrice et je suis une femme."
L'homme envierait-il la femme? Lui qui a le pouvoir, lui qui construit la politique et les buildings, il ne sera jamais maître de la création première car la femme accouche.
La femme crée et l'homme dirige.
Niki de Saint Phalle ne saurait se résoudre à cette idée et invente la série des "Nanas". Son message est celui de l'espoir, de la joie, de la beauté et de la liberté.
Mais je décèle une contradiction, tout au long du parcours, celle qu'elle porte en elle depuis son enfance, celle de sa (pratique) plastique et de sa sombre histoire. Ses œuvres plaident une cause féministe, portent un message contre la société patriarcale, cherchent à tuer le pouvoir de l'homme. Cherchent à tuer le père ? Le premier homme à avoir abusé d'elle. Et ses "Nanas" sont sexualisées, on peut entrer en elles par le trou de la matrice. Sauf que dans ses œuvres, Niki maîtrise, Niki contrôle, Niki décide. Renforcée par ce pouvoir, l'artiste s'arme et tire. Elle fait couler la peinture des objets, de la société, de certaines idées et s'affirme sur la scène artistique.         Elle prend de plus en plus de place. 
Niki de Saint Phalle commence par dénoncer, puis tue, puis reconstruit un monde à sa manière, à son envie, avec toute la beauté d'un monde qu'elle voudrait féminin et dans lequel elle serait heureuse de vivre.
Le Jardin des Tarots, reconstitué à la fin de l'exposition, nous plonge dans cet univers, débarrassé de la violence, bâti par un besoin de sérénité. La mosaïque et les éclats de miroirs me renvoient toujours à cette vie morcelée et aux premiers travaux de l'artiste, reconnue schizophrène à 23 ans. Son combat semble se terminer dans ce jardin de la douce folie. Niki de Saint Phalle accepterait-elle enfin la paix?


Emma BATHILDE

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