mercredi 28 novembre 2018

Les contes cruels de Paula Rego


Musée de l’Orangerie, Paris
Exposition du 17 octobre 12018 au 14 janvier 2019

J’arrive à l’orangerie, j’enlève mon sac à dos, je prends un billet, j’entre dans l’exposition.
Il y a une drôle de lumière ici, je m’approche du premier cartel et l’on m’informe de qui sont ces drôles de toiles et ces sculptures féériques mystérieuses.
« Paula Rego est une artiste ayant étudié à l’école de Londres, attachée à sa culture portugaise. »
Je m’approche des premiers tableaux, il y a des jeunes filles jouant avec un chien, elles sont dans un mouvement immobile. J’ai du mal à me concentrer sur les tableaux parce que l’on m’observe, derrière moi il y a une rangée de sculptures étranges. Des monstres que Paula crée afin de réaliser ses tableaux vivants (par la suite retranscrits sous la forme de très grands pastels). Une sculpture attire mon attention, il s’agit d’un gros bonhomme mélancolique en tissu.
Je passe dans la seconde salle sombre et ornée de gravures illustrant des contes. Je m’approche pour voir la finesse du travail et j’entre dans l’histoire. On me dit que Paula « grâce à l’obtention d’une bourse de la fondation Calouste-Gulbenkian, se plonge dans l’étude des contes et leurs illustrations ».
Je continue mon chemin et elles sont là ces grandes peintures à l’acrylique. « Les bonnes » 1987. Les couleurs sont froides, la scène angoissante, les personnages nerveux, des bonnes menacent de tuer leur maîtresse. « La famille » 1988. Un homme pantin manipulé par deux femmes. Paula et ses filles aidant son mari malade (sclérose en plaque paralysante). Elle peint sa famille courageuse face à une vie dure. Dans un coin de la salle il y a un dessin de Louise Bourgeois, il est bien là.
Il y a des peintures et de grands pastels sur tous les murs, Paula ne raconte plus mais crée un nouveau conte. Il y a des femmes-chiens, elles sont puissantes, indépendantes. Des danseuses, qui s’inspirent de la danse des autruches de fantasia, fortes, massives, le visage dur, certaines nous regardent. Une interprétation d’une photo de la guerre d’Irak. Des femmes en « fête », le visage dur, elles se représentent jouant de l’accordéon au bord d’une plage qu’elle a bien connue, elle semble souffrir. Sa fille en fée bleu parlant à Pinocchio, et son mari sculptant celui-ci. Des illustrations de Peter Pan (l’enfant qui ne voulait pas grandir, son conte favori). Et puis, à la fin je retrouve ce gros bonhomme en tissu que j’avais rencontré en début d’exposition. Je l’imagine jouer seul dans son atelier avec cette poupée de chiffon, la placer dans différents endroits, la placer dans différentes positions. Elle prend des pastels « plus tactiles pour rendre la palpitation des chairs » ici c’est un triptyque, cet homme qui sue est un personnage d’une histoire de Martin Mc DONAGH « Pillowman » (l’homme oreiller) étouffant les enfants pour qu’ils n’aient pas une vie de souffrance. Pillowman représente ainsi son père un homme doux et dépressif. Ils sont ensemble dans ces tableaux de pêches sombres, mélancoliques, l’exposition se termine là.
Garret Lila
Paula Rego

mardi 27 novembre 2018

PERSONA GRATA


MAC VAL ET Musée national de l’histoire de l’immigration, Paris
Du 16 octobre 2018 au 20 janvier 2019

L’ambitieuse double-exposition Persona Grata interroge la notion d'hospitalité, actuelle et omniprésente dans le discours français, soulevée par la question migratoire et les insatisfaisantes réponses socio-politiques. Dans un moment où le poids de ces enjeux dans le débat public est grandissant, il est fondamental que la discussion prenne corps dans des lieux de culture, d’histoire, du sensible, ceci étant souligné par la cohérence du choix d’intégrer au parcours à la fois un musée de société (le musée de l’histoire de l’immigration) et un musée d'art contemporain (le Mac Val). Ce dernier avait déjà l’an passé, avec l’exposition Tous de sang mêlé, ouvert la discussion autour de problématiques proches appuyant en cela l’investissement de l’art et de ses institutions dans la réflexion de société et dans la création d’espaces d’incarnation de pensées en formes. Il est intéressant de questionner le rôle de l’artiste et sa responsabilité mais également le dispositif d'exposition comme un espace de collaboration, un laboratoire à réfléchir des problématiques fondamentales en les reformulant. Il peut être un espace de reconfiguration des relations entre individus permettant une conscientisation, une considération par des biais sensibles. Ici, le dialogue est ouvert par Fabienne Brugère et Guillaume le Blanc, philosophes et sous le commissariat d’Anne-Laure Flacelière, chargée de l’étude et du développement de la collection du MAC VAL et Isabelle Renard, chef du service des collections et des expositions du Musée national de l’histoire de l’immigration.

L'exposition n'est pas pensée d'une seule voix et ne présente pas d'utopie, mais des réalités où les acteurs qui la constituent, sont présents. Il s’agit de remettre l'humain au centre, là où actuellement la politique nous parle de flux et de crise, ici il est question de visages, de parcours de vies, d’êtres. Il n’est pas question de s'arrêter à la seule réflexion de cette notion d'hospitalité mais de sensibiliser par une construction sensible de ce qu’elle représente et aux concepts et notions dont elle relève : l’accueil, l’exil, le territoire, la culture, l'identité du territoire, la frontière, le déplacement, le déracinement etc. Elle invite à dépasser la simple visite, à réfléchir concrètement et à investir le visiteur d'une véritable posture critique. On peut se demander si la pédagogie de ce type de manifestation peut être un agir social mais ne serait-ce que le fait d'en discuter, de rendre visible ces problématiques, c'est nier l'invisibilité de ceux qui subissent les dérives politiques. C’est questionner l'éthique par le sensible. L’exposition peut être appréhendée comme un dispositif qui permet de donner lieu et place à la sensibilisation nécessaire à la mobilisation en la nourrissant émotionnellement. Le problème qui serait à soulever serait la juste voix (militante?) accordée à ces causes portées par les artistes et non seulement par les choix des commissaires. En effet l’exposition a été construite non pas par des réponses immédiates des artistes mais par un choix d’œuvres qui s’est fait par prélèvements dans les collections. C’est le discours théorique de l’exposition qui a pris les œuvres en son sein pour penser et s’incarner dans les formes. Il ne s'agit pas seulement de réfléchir aux notions soulevées par chaque œuvre (par exemple celle de Sarkis et la notion de voyage, d’arrivée de départ ou celle de Philippe Cognée et de l’habitat précaire, du territoire), notions qui sont des prolongements critiques des questions socio-politiques soulevées. Il s’agit d’une cause militante, le positionnement des deux institutions est clair et on peut se demander en quoi il est juste de faire dire aux œuvres ce qu’on leur demande. La commissaire de l’exposition explique que, consciente de cette problématique, elle a demandé aux artistes s’ils étaient en accord avec le discours tenu et si le discours ne travestissait pas celui de l’œuvre. Que l’œuvre soit un support de médiation est une chose mais qu’elle prenne voix à un discours engagé alors que l’acteur ne l’est pas nécessairement peut s'avérer problématique. Bien que ça ne soit pas le cas d’une grande partie des objets exposés, ceci engage à réfléchir sur les discours curatoriaux et à la liberté des commissaires et à la façon dont les objets sont engagés dans les théories dont ils ne doivent être ni prétextes ni illustrations. La finesse de l’exposition tiendra aussi en cela car l’idée de l’illustration est évacuée par la mobilisation des concepts au-delà du simple fait d'évoquer l'hospitalité. Il est question de formes poétiques, sensibles, métaphoriques, imaginaires faisant par cela appel au sens large des questions politiques portées en fil conducteur. Le territoire, le départ, l’arrivée, l'étranger, le voyage, le rêve, et son prix, le désir et sa réalité, la fuite, l’exil, l’abri en ce qu’il évoque l'intérieur etc. C’est dans l’appréhension de questions concernant chacun que l’exposition réussit autant à intéresser de manière éthique autant que sensible.

Quoi qu’il en soit l’exposition est encourageante ainsi que le type de propositions plus que nécessaires dans le climat actuel. Elle offre à voir une belle diversité de formes qui permet l'exploration de formes de vie, de conscience, d’espoir et non seulement un message strict. Loin d'être dogmatique ou moralisatrice, elle laisse la possibilité d’un positionnement critique et émotionnel riche. Les thématiques de société et les enjeux contemporains ont réellement besoin de trouver des espaces de discussions engagés et soulevés par des biais sensibles telle que cette double exposition nous le propose aujourd'hui. En espérant que cela ne s'arrête pas là.

Anna de Castro

Du 16 Octobre 2018 au 20 Janvier 2019 au Musée de l’Histoire de l’immigration à Paris.
Avec les oeuvres de Bertille Bak, Dominique Blais, Alina Bliumis, Jeff Bliumis, Halida Boughriet, Kyungwoo Chun, Philippe Cognée, Pascale Consigny, Hamid Debarrah, Latifa Echakhch, Eléonore False, Claire Fontaine, Laura Henno, Pierre Huyghe, Bertrand Lamarche, Xie Lei, Lahouari Mohammed Bakir, Moataz Nasr, Eva Nielsen, Gina Pane, Laure Prouvost, Enrique Ramirez, Judit Reigl, Anri Sala, Sarkis, Zineb Sedira, Bruno Serralongue, Chiharu Shiota, Société Réaliste, Dan Stockholm, Barthélémy Toguo.

Du 16 Octobre 2018 au 24 Février 2019 au Mac Val à Vitry-sur-Seine .
Avec les œuvres de Eduardo Arroyo, Kader Attia, Renaud Auguste-Dormeuil, Marcos Avila Forero, Laëtitia Badaut Haussmann, Bertille Bak, Richard Baquié, Taysir Batniji, Ben, Bruno Boudjelal, David Brognon & Stéphanie Rollin, Mark Brusse, Pierre Buraglio, Mircea Cantor, Étienne Chambaud, Kyungwoo Chun, Clément Cogitore, Philippe Cognée, Delphine Coindet, Matali Crasset, Julien Discrit, Thierry Fontaine, Jochen Gerz, Ghazel, Marie-Ange Guilleminot, Mona Hatoum, Éric Hattan, Laura Henno, Pierre Huyghe, Emily Jacir, Yeondoo Jung, Bouchra Khalili, Kimsooja, Claude Lévêque, M/M, Lahouari Mohammed Bakir, Jean-Christophe Norman, Lucy Orta, Bernard Pagès, Philippe Parreno, Yan Pei-Ming, Cécile Paris, Mathieu Pernot, Jacqueline Salmon, Bruno Serralongue, Esther Shalev-Gerz, Société Réaliste, Djamel Tatah, Barthélémy Toguo, Patrick Tosani, Sabine Weiss.


1. Bouchra Khalili, The Constellations n°2, 2011. Sérigraphie sur papier contrecollée sur aluminium, 65 x 45 cm. Collection Musée national de l’histoire de l’immigration, Palais de la Porte Dorée, Paris. Photo © Lorenzo. © Adagp, Paris 2018.



2. Sarkis, Le Bateau Kriegsschatz ,1982-2005, Panneaux de bois contreplaqué peints au goudron, ampoules peintes, maquette debateau,700x510x70cm Collection MAC VAL – Musée d’art contemporain du Val-de-Marne. Acquis avec la participation du FRAM Île-de-France © ADAGP, Paris, 2018. Photo © Jacques Faujour.


3. Marcos Avila Forero, Cayuco, Sillage Oujda/Melilla - Un bateau disparaît en dessinant une carte, 2012. capture de la vidéo HD, couleur, son, 55’. Collection Frac Aquitaine. © Adagp, Paris 2018.


4. Mona Hatoum, Suspendu, 2009 - 2010. Médium stratifié, chaînes en acier, dimensions variables. Collection MAC VAL - Musée d’art contemporain du Val-de-Marne. Acquis avec la participation du FRAM Île-de-France. Photo © Jacques Faujour.



5. Moataz Nasr, Dôme, 2011, Bois, cristal, vidéoprojection, leds 260x565x565cm, Production Établissement public du Palais de la Porte Dorée, Musée national de l’histoire de l’immigration. Courtesy de l’artiste et GALLERIA CONTINUA, Gimignano/Pékin/Le Moulin de Boissy/ La Havane. Photo © Ela Bialkowska.



ORLAN avant ORLAN



Exposition de l’artiste ORLAN, galerie Ceysson & Bénétière
  • 23 rue du Renard, 75004 Paris.

Exposition du 18 octobre 2018 – 8 décembre 2018

L'évolution picturale de l'artiste est une nécessité. « Personne n’est exempt des changements. Les théories sont dépassées, la vérité n’est jamais absolue et la plupart du temps, nous ne nous connaissons pas nous-mêmes dans notre totalité » (Sanguino, J). Quarante ans avant de peindre Guernica (1937), Pablo Picasso créa, en 1897, Science et charité, une peinture de style réaliste réalisée selon une technique classique. Dix-sept ans après avoir conçu Croix noire (1915), Kazimir Malevich, peint, en 1932, L’homme qui court, une peinture figurative qui évoque la période de la vie de l'artiste lorsqu'il était persécuté par le gouvernement soviétique.

C’est une erreur de vouloir juger un artiste pour une œuvre, car cela nous oblige à généraliser immédiatement sans avoir connu un aspect plus large de son travail à travers le temps, c'est pourquoi la galerie Ceysson & Bénétière, située à côté du Centre National d’Art et Culture George Pompidou à Paris, présente pour la première fois, une exposition des premières œuvres picturales produites par l'artiste française ORLAN entre 1971 et 1974, intitulées Problématiques géométriques.

ORLAN est une artiste reconnue de l’art corporel, qui pousse le corps dans ses limites, matériau extrêmement fragile, extrêmement vulnérable. La chirurgie esthétique est mise au service de l’art, ce qui soulève des questions liées aux canons de la beauté et à la transformation physique et psychologique du corps. L'art corporel est un art de la résistance, inscrit hors de la loi et émergeant comme une subversion.

C’est dans cette ligne critique que la jeune ORLAN commence à développer son travail artistique, critiquant l’existence des structures oppressives et systématiques qui conditionnent la vie des femmes dans différents domaines : au travail, dans leur corps / leur apparence, dans leur comportement et dans leur sexualité. Clairement influencée par les mouvements sociaux de Mai 68, ORLAN condamne les hiérarchies patriarcales établies dans la vie familiale, présentes sur tout dans la cuisine. Les matériaux et les ustensiles de la vie domestique, ainsi que le corps, serviront comme composants potentiels qui lui permettront de développer ses peintures géométriques.

« Cette exposition sera le premier volet d’une relecture de la carrière de l’artiste » (Ceysson, B).

Berenice Vargas-Bravo

Galerie Ceysson & Bénétière, Paris, France, "ORLAN avant ORLAN", 2018.


Ceysson, B. (2018). Texte sur l’exposition ORLAN avant ORLAN écrit par Bernard Ceysson, critique d’art et commissaire d’exposition.

Chauvel-Levy, L. (2018). Texte sur l’exposition ORLAN avant ORLAN écrit par Léa Chauvel-Lévy , critique d’art et commissaire d’exposition.

Sanguino, J (2018). El primer y último trabajo de grandes pintores y su evolución en el lienzo. Cultura Colectiva, México. https://culturacolectiva.com/arte/el-primer-y-ultimo-trabajo-de-grandes-pintores-y-su-evolucion-en-el-lienzo


Franz West - Centre Pompidou


Du 12 septembre au 10 décembre 2018

Mon train arrive à Paris.
Je cours vite jusqu’au Centre Pompidou, j’ai peur d’arriver trop tard et de rater l’exposition. Ce serait dommage quand même. Venir jusqu’à Paris pour voir la rétrospective dédiée à Franz West et la louper.
Escalator, escalator, escalator, encore et encore. Ça y est, j’y suis.
J’entre.
L’exposition commence avec une vidéo de Franz West tournée par son ami Friedl Kubelka.
Je me balade un peu partout, je lis les cartels. J’aimerais tout toucher, glisser mes pieds dans les méduses d’un Paßstücke accroché au mur.
On n’a plus le droit de toucher à rien maintenant.
Dans un coin, au fond, il y a d’autres Paßstücke avec lesquels on peut jouer. On peut se glisser avec derrière un rideau blanc et en faire ce qu’on veut. Comme dans l’exposition originelle.
C’est rigolo. J’ai envie d’essayer mais j’ose pas.
Je m’approche, tout le monde me fixe. Je tripote cet objet ludique puis le repose.
J’irai pas me cacher avec aujourd’hui.
Je continue à errer dans l’exposition. Je suis un peu déçue, je pensais que ça me parlerait plus.
Je me dirige vers la sortie et c’est là que je les vois. Ces grosses sculptures en papier mâché.
Elles reposent fièrement, toutes ensembles, sur leur socle. Je suis hypnotisée. Je m’en approche, les regarde sous toutes les coutures. J’aimerais pouvoir passer mes doigts dessus, sentir les bosses, la texture. J’imagine Franz West les modeler.
Je regarde les couleurs, tout est mélangé. Je me fais la réflexion que j’aimerais bien voir un peu de orange entre ce parme, ce rouge et ce noir.
J’ai à peine le temps de baisser les yeux que je distingue une petite tâche de peinture orangée dissimulée.
T’es fort Franz, t’es fort.
Il est temps de m’en aller.
Au moment de sortir de l’expo j’aperçois une vidéo de Franz West encore une fois tournée par Kubelka, trois décennies après la première.
Je la regarde, il me regarde.
Il sourit. Je souris.
Voilà, c’est fini.
Je sors.
Heureusement que je suis arrivée à l’heure.

Talhùla Deray

                                                                     © Estate Franz West © Archiv Franz West / Photo: D.R.
Grupp mit Kabinett, ensemble de 8 sculptures. Papier mâché, gaze, tables.

Les Passstücke ou Adaptives (« pièces à adapter », « Adaptatives ») sont des sculptures en plâtre et papier mâché à la matière irrégulière nommées ainsi par Franz West

Bebop Basquiat


Exposition de l’artiste Jean-Michel Basquiat, Fondation Louis Vuitton
8 Avenue du Mahatma Gandhi, 75116 Paris.

Exposition du 3 octobre 2018 – 14 janvier 2019


En 1890, les ouvriers américains travaillaient de longues journées pour dessiner les grandes lignes de chemin de fer (voies ferrées) qui relieraient tout le pays. C’était dans le secteur ouvrier de Sedalia, Missouri où le ragtime («ragged time» temps déchiré) de Scott Joplin a trouvé un moyen de s'établir et se répandre dans le sud des États-Unis, fondant involontairement, le début de la musique jazz. En commençant avec le style libre du Dixieland, en passant pour la nervosité des années 40 avec le Bebop et en terminant avec la protestation violente du Free jazz et le Jazz électrique des années 60, le Jazz a toujours été la musique des minorités, il n’est, donc, pas étonnant que cette musique populaire soit un sujet récurrent dans le travail de l'artiste Jean Michel Basquiat.

Dans les années 70, lors que Frank Zappa sortit son album emblématique Joe's Garage (1977), le jeune Basquiat quitta l'école pour se rebeller. Il s’aventure donc, à rencontrer l'atmosphère underground des rues de New York, découvrant les gangs et les dealears du SoHo. Cependant, Basquiat ne s'intéresse pas à la nouvelle vague du Jazz rock de Zappa, au contraire, il est attiré par le hip-hop,un genre à peine émergent, et à l'improvisation présente dans le Jazz moderne connue sous le nom de Bebop. Son intérêt pour la musique l’amena à créer, en 1979, son propre projet musical intitulé Gray en l'honneur du livre d'anatomie Gray's Anatomy.

DIZZY GILLESPI, DIZZY GILLESPI, CHARLIE PARKER, CHARLIE PARKER, CHARLIE PARKER, ORNITHOLOGIE, ORNITHOLOGIE, THEETH, THOH, SHOO SE OBEE, ALCHEMY, LARNYZ, SOAP, PREE, sont quelques-uns des mots qui, en format de liste, apparaissent continuellement dans les tableaux de l’artiste faits avec du pastel gras et de l’acrylique sur toile. BILLIES BOUNCE, BILLIES BOUNCE, WARMING UP A RIFF, NOWS THE TIME, THE RIVING IN A RIFF, MEANDERING, KOKO, SIDE A, SIDE B, SIDE C, SIDE D, mots retrouvés dans l'œuvre Discography (One) (1983), où Basquiat fait référence à la session d'enregistrement du 26 novembre 1945 de Charlie Parker, son premier enregistrement à la tête d'un ensemble.

En octobre, la fondation Louis Vuitton a inauguré une exposition sur l'artiste Jean-Michel Basquiat, dans laquelle, nous pouvons trouver des œuvres réalisées par l’artiste entre la période 1980 et 1988, lesquelles appartiennent actuellement à des collections privées américaines et européennes. L'exposition contient 120 tableaux, répartis par sujet dans 9 différentes galeries. La galerie 5 intitulée MUSIC SPOKEN est organisée autour des références musicales de l'artiste, où nous pouvons apprécier des œuvres telles que : CPRKR (1982), Horn Players (1983), Charles le Premier (1982), Now's the Time (1985) et le déjà mentionné Discographie (One) (1983). Cette salle donne au spectateur une occasion unique pour connaître en profondeur les préoccupations de l'artiste en s’éloignant des signes conventionnels pour lesquels son travail est facilement reconnaissable : les couronnes et SAMO.


Berenice Vargas-Bravo


Jean Michel Basquiat, Discography one et Discography two, 1983. Galerie Bruno Bischofberger, Zurich. Copyright. Jean Michel Basquiat.


Pagé, S. (2018). Texte sur l’exposition Jean Michel Basquiat écrit par Suzzane Pagé et Dieter Buchhart, critiques d’art et commissaires d’exposition.


Berendt, J (1962). El Jazz. Fondo de Cultura Económica, México. 

Raphaël Dallaporta, Chauvet-Pont d’Arc : l’Inappropriable


Du 13.10.2018 au 06.01.2019, au CENTQUATRE-PARIS 19ème


Raphaël Dallaporta est un photographe français né en 1980, en tant que lauréat dun concours il a pu pénétrer dans la grotte de Chauvet, site classé patrimoine de lUnesco, où ont été découverts les premiers dessins connus de lHumanité et dont laccès est habituellement réservé à quelques scientifiques. Il y a réalisé des prises de vue automatisées en panorama polyédriques (planisphère simplifié en forme géométrique dont les faces sont déployées) reconstituant les volumes de la grotte. Le résultat est présenté dans une pièce sombre carrée avec une installation vidéo immersive sur grand écran, et une composition musicale de Marihiko Hara. Des séquences de mouvements très lents dans les panoramiques en noir et blanc senchaînent dans lordre de cheminement, sur fond de sons spatiaux et de nappes harmoniques.

« Une grotte nécessite d’être traitée avec une infinie retenue: comme un paysage, un espace naturel qui anime un sentiment profond de limmémorial en nous » a dit le photographe, et lon ressent en effet le mystère dun tel lieu, sa puissance évocatrice et la compression du temps quil opère lorsque lon observe les parois, les fresques, les formations minérales mais aussi les passerelles en métal installées par les scientifiques. Les dessins ne sont pas omniprésents dans les plans mais leur apparition fait ressurgir des questionnements profonds sur la raison même de leur existence et sur lessence de lHomme.
Jean-Jacques Delannoy écrit: « La lecture des paysages de la grotte offerte par les photographies de Raphaël Dallaporta permet deffleurer ses différentes temporalités, depuis sa genèse jusquaux cristaux de calcite déposés à linstant par une goutte deau, en passant par les traces et les oeuvres des Hommes de la préhistoire. Une des forces quon ressent en parcourant la grotte tient à la puissance visuelle de ses différentes histoires, si distendues dans le temps et si intimement liées dans ses paysages ».
Dallaporta nous donne à voir ce lieu sacré avec un regard presque scientifique, mais inclusif et lon
peut prendre le temps.

E.C.
                        CACTUS_OURS-35 © Raphaël Dallaporta, Éditions Xavier Barral, 2016

mercredi 14 novembre 2018

Collection de Stéphane Lifshitz au Temple du goût, Nantes


Du 14 septembre au 14 octobre 2018


Le festival de la Quinzaine Photographique Nantaise consacrait cette année son festival au thème des « Invisibles ». Au travers des divers lieux d'exposition, nous avons alors pu déambuler et découvrir de multiples portraits d'individus en marge de la société, de personnes dites « invisibles ». Des témoignages photographiques marquants, avec notamment le travail de Pierre Faure, nous dévoilant la montée de pauvreté dans les zones rurales françaises ou encore celui de Danila Tkachenko, capturant des hommes ayant décidé de s'extraire de toute civilisation dans les forêts de Russie. Le travail de Stéphane Lifshitz était alors également mis à l'honneur au Temple du Goût.
Collectionneur de photographies qu'il acquiert dans les brocantes depuis de nombreuses années, Stéphane Lifshitz nous dévoilait pour la première fois ses portraits de couples homosexuels anonymes des années 1900 aux années 1960. D'une pudeur élégante, ces photographies amateurs nous montraient des couples dans leur intimité, à la fois au travers de clichés pris sur le vif ou au contraire, plus travaillés telle une séance chez le photographe. Un seul regard, une seule main posée délicatement sur son partenaire suffisent pour nous dévoiler leur relation intime devant l'objectif. Cette collection témoignant d'une liberté, permet à l'artiste de nous retranscrire une autre image de cette société en marge, loin des idées reçues comme il le souligne lui-même : « Être pédé ou lesbienne, c'était s'inscrire dans une généalogie de souffrance, de destins dramatiques, pour ne pas dire tragiques. Pourtant ces images que j'avais trouvées au cours des années me racontaient une autre histoire. » Une autre histoire en effet, celle d'une homosexualité décomplexée, douce et ludique. Cette collection de portraits nous questionne alors sur l'exposition des relations homosexuelles et donc identitaire dans la société. « Peut-être avaient-ils réussi à négocier quelque chose avec leur famille, leur milieu professionnel ou la société dans son ensemble » énonce l'artiste. La discrétion restant sans doute le maître mot de leurs amours.

Blandine Langlois


Céleste Boursier-Mougenot : Fluides

Du samedi 30 juin 2018 au dimanche 30 septembre 2018
HAB Galerie, Nantes


Les ondes sonores, naturelles et artificielles,
Retentissent harmonieusement dans la salle.
Les rythmes souterrains, semblent venir du ciel.
Les arbres influent sur les variations musicales.
Les diamants mandarins, oiseaux d’Australie,
Volant, planant, tournant dans cet espace orchestral,
Pincent de leurs pattes et becs les guitares électriques,
Produisant en s'y perchant, une joliesse mélodique.
Les flux invisibles font chuter sur les dorées cymbales
Les fins noyaux des cerises, telle la vague déferle
Sur le glissant basalte...
Les corps en mouvement, les cœurs s'exaltent,
Les sens en éveil, remplis de clarté...
Indicible beauté.

LELO Landrino




From here to ear, 2018
Installation



Aura, 2015
Installation


Sous-bois, 2018
Installation












jeudi 1 novembre 2018

Histoire de l’œil, Georges Bataille


« Je n’aimais pas ce qu’on nomme les plaisirs de la chair, en effet parce qu’ils sont fades… »
Georges BATAILLE publie son œuvre, classée dans ses débuts comme pornographique, sous un pseudonyme Lord AUCH. Ce ne sera qu’après sa mort que son livre sera publié sous son vrai nom en 1967 sans que BATAILLE ne reconnaisse officiellement avoir rédigé cette courte fiction.
Entre sexualité anticonventionnelle, perversité et fétichisme, BATAILLE force le lecteur à se confronter à deux adolescents dont la vie érotique dépasse et transgresse tout entendement.
Marqué par une enfance difficile, BATAILLE assimile des éléments de sa vie quotidienne en les retranscrivant à l’écrit par le biais de ce couple d’adolescents à la découverte d’une sexualité hors normes. La syphilis et les troubles urinaires de son père, narrés dans la préface de son livre nous permettront de tisser un lien avec l’obsession des deux protagonistes pour le jeu avec le « sale ». Le souvenir de l’odeur de l’urine de son père sera assimilé à de la scatophilie. Ces personnages évolueront avec ce désir puissant né d’une souffrance morale. Les actes devenant alors de plus en plus violents, destructeurs, et blasphématoires.
Certains objets reviennent par ailleurs un grand nombre de fois dans l’ouvrage. Une armoire normande dans laquelle on se branle, un revolver que l’on tient pendant l’acte ou bien un prie-Dieu. Des lieux doux tel un bois au clair de lune, violents comme une arène de corrida ou encore religieux. Les lieux et éléments contradictoires entraînent le lecteur dans un univers confus et étrange.
L’œil tient un rôle majeur, vu comme un instrument érotique à part entière, l’œil qui observe le désir permettant l’érection. L’œil qui devient un œuf rond et doux qui pénètre dans la « fourrure » (terme utilisé par BATAILLE pour évoquer le sexe féminin) du protagoniste (Simone). L’œil sein, fesse, qui stimule le désir sexuel du narrateur. L’œil testicule de taureau qui peut s’apparenter à l’Euterpe (divinité ayant une multitude de seins, vus également comme des testicules de taureau). L’œil doux luisant qui devient organe d’excitation arraché à un curé par Simone pour satisfaire ses désirs.
Pour BATAILLE la sexualité, l’érotisme, la violence de la jouissance extrême sont oubliées. Cette ascendance vers le délire et les pratiques sadomasochistes des personnages les rendent humains. J’entends par humain fait de chairs (palpable et déchirable) et animal à la fois, poussant leurs désirs les plus puissants pour qu’ils deviennent des actes d’une extrême violence érotique. La chair n’est plus fade parce qu’ils l’ont consommée.
Les liens transversaux entre l’enfance de BATAILLE, le sexe dans notre société, le cauchemar et la brutalité font de cet ouvrage une œuvre complexe, dure à ingérer et forte d’un point de vue émotionnel nous faisant vaquer entre gêne et honte.
GARRET Lila



Armen Eloyan


Exposition de l’artiste Armen Eloyan, FRAC des Pays de la Loire – 24 bis Boulevard Ampère, La Fleuriaye, 44470 Carquefou.

Exposition du 23 juin - 7 octobre 2018


La coexistence d'éléments imaginaires et réels ne peut être réalisée qu'à travers les mots. C'est dans la voix immatérielle que des éléments fantastiques coexistent avec d’autres déjà existants. Les êtres anthropomorphes sont le témoignage de ce phénomène. Il s’agit des monstres ou chimères dotés des formes ou des qualités humaines. Ces créatures ont transcendé malgré le temps et sont devenues, petit à petit, des personnages tels que Mickey Mouse et Donald Duck, symboles de la culture populaire et mondialisée de nos jours.

Ces figures sont, dans le travail de l’artiste arménien Armen Eloyan, les figures principales de plusieurs pièces réalisées au cours de ces dix dernières années. L’exposition explore l’esthétique du Street art avec une ambiance sombre et perverse. Les dessins animés deviennent une dystopie, un désenchantement avec l’enfance. « Les icônes de dessins animés resurgissent sous les traits de personnages grotesques aux mœurs douteuses et insoupçonnées » (2018, Vicente, A.)
En juin, le Fonds Régional d’Art Contemporain des Pays de la Loire (FRAC) a reçu une vingtaine d’œuvres de l’artiste Eloyan comprenant des pièces acquises par les galeries Tim Van Laere (Anvers) et Timothy Taylor (Londres) et une collection privée. L’accrochage proposé permet le dialogue onaniste entre les différents tableaux grâce auxquels le public se retrouve devant la tension dramatique des images qui présentent la violence, le sexe et la tragédie de notre époque.

La peinture Mickey Mouse, Youth, 2009 (huile sur toile 235x270cm) évoque le côté obscur et chaotique. Nous sommes en face d’une toile qui montre un rat difforme habillé en orange sur un fond noir. C’est la défiguration qui attire notre attention : des figures familières ont été usurpées et transposées avec un emprunt à l’humour noir.

Berenice Vargas-Bravo


Vicente, A. (2018). Texte sur l’exposition Armen Eloyan écrit par Anne –Lou Vicente, critique d’art et commissaire d’exposition indépendante.

http://fracdespaysdelaloire.com/fr/programme/2018/au-frac/armen-eloyan




Armen Eloyan, Portrait 1, 2016 -  Courtesy Timothy Taylor Gallery. Copyright. Armen Eloyan.



"Sans", Martine Pisani




Les 11 et 12 octobre, le lieu unique a présenté une pièce de Martine Pisani : « Sans ». Audacieux pari de présenter un spectacle de danse sans musique, sans jeu de lumière, sans éléments de décors, comme son nom l’indique. Avant d’avoir vu le spectacle, on pense facilement à Yvonne Rainer, à une danse minimaliste, dépourvue de tout élément superflu, qui cherche à sortir du standard d’une danse qui se veut gracieuse, élégante.
L’absence de variation de lumière permet tout d’abord de diminuer le mur entre la scène et le spectateur. Le public est quasiment éclairé de la même manière que les danseurs, avec un éclairage simple, comme dans n’importe quel autre intérieur. On se sent facilement plus proche du danseur, notamment par le fait qu’il puisse nous voir, ainsi peut s’installer un dialogue entre la scène et le public. Ce dialogue avec le spectateur passe par des éléments très simples, néanmoins forts : un regard, une expression, des onomatopées, quelques phrases. Les danseurs passent un moment immobiles face au public, seuls leurs visages passent par beaucoup d’émotions, principalement leurs yeux.
Le dialogue se fait également avec l’emprunt de gestes du quotidien et par des gestes connotés, faisant référence à certains sports ou à la culture hip-hop. Cette pièce pose la question de la place du mime dans la danse, la place de la partie jouée. On se demande où est la danse ? Où est le jeu ? Un grand jeu sur les expressions du visage est mis en place, les danseurs prennent presque un rôle de comédien. Cela se traduit par un rire récurrent du public face à ces parties mimées. Le spectacle est présenté en plusieurs parties, pas forcément bien reliées entre elles, sans transition. Néanmoins Martine Pisani joue avec toutes ces frontières, se heurte à des limites, tout cela avec une grande délicatesse.
Theo Kooijman, Laurent Pichaud, Olivier Schram nous montrent une belle cohérence dans leur danse, dans un tableau où ils apparaissent aussi bien ensemble qu’en opposition. La nudité de la scène laisse place à une multitude de placements, déplacements, de configurations. Ils occupent la scène de manière méthodique, en se regroupant, en se séparant, en agissant ensemble, puis tour à tour. Ils deviennent eux-mêmes éléments du décor, les uns pour les autres, les uns par rapport aux autres.



Suzanne Guillemois





                                                                               © Laurent Paillier

QUINZAINE PHOTOGRAPHIQUE NANTAISE LE TEMPLE DU GOÛT


« Pour vivre heureux, vivons cachés. » 


À l'occasion de la 22ème édition de la Quinzaine Photographique Nantaise (QPN), qui se tenait du 14 septembre au 14 octobre 2018, le Temple du Goût exposait une série de photographies d'Amélie Landry intitulée Les chemins égarés, deux séries de la collection de photographies amateurs de Sébastien Lifshitz : Couples travestis et Les Invisibles, et un film documentaire du même titre. Le sujet du festival de photographies était Invisible - Opus 2 : Disparition. L'ensemble exposé au Temple du Goût évoque ce sujet sous l'angle de l'homosexualité et la volonté de se dissimuler du regard des autres, hier comme aujourd'hui, mais en vivant pour autant ouvertement leur sexualité. Les chemins égarés propose une série de photographies parlant du cruising, une pratique sexuelle qui consiste à trouver un partenaire par hasard dans des lieux reculés et adaptés par ses usagers, afin d'avoir un rapport sexuel sur place. Cette pratique implique les notions d’anonymat, d'interdit, de lieux faits à la fois pour se retrouver et se dissimuler. Amélie Landry capture avec une grande sensibilité ces lieux et ces personnes afin de les dévoiler partiellement. Un attachement à la lumière, à l’obscurité et à la couleur est présent et permet de mettre en image une pratique cachée. La volonté de faire voir ce qui ne souhaite pas se montrer est en soi une pratique qui pourrait s'apparenter à un certain voyeurisme, pourtant le regard photographique d'Amélie Landry est un regard poétique et sans jugement de valeur, et permet de mettre avant tout une autre vision de cette sexualité souvent jugée. Plusieurs témoignages sont également présentés et donnent ainsi directement la parole à ces personnes et à leurs histoires. Les collections de Sébastien Lifshitz sont des photographies amateurs d'homosexuels et de travestis tout au long du XXème siècle. Ces documents retrouvés sont la preuve de l'existence de ces personnes et de ces identités au cours du siècle dernier. Elles permettent de prouver ces existences passées, loin de l'idée que l'homosexualité ne se vivait pas à cette époque mais plutôt de montrer un quotidien heureux. Exposer ces photographies aujourd'hui permet de modifier la narration prédéterminée des histoires des homosexuels, et donc de changer la narration des histoires actuelles. Ces personnes prouvaient d'une certaine façon leurs identités à travers ces photographies cachées et risquées. Le film documentaire était un ensemble de témoignages de personnes âgées qui avaient décidé de vivre leur sexualité sans se soucier des à priori de l'époque. L'ensemble de l'exposition fonctionnait sur ce principe d'identités non acceptées socialement mais vécues malgré tout. La photographie est alors un médium de mise en lumière de ce qui se cache dans l'ombre pour exister.

         MOREAU Antoine