lundi 27 novembre 2017

"Refaire surface" - Simon Bousquet

Centre d'art le LAIT, Albi. 

Refaire surface


Toujours y aller. Toujours par hasard. Peut-être par manque de publicité. Ou juste parce que je ne regarde pas assez quand je suis à Albi. La surprise est toujours bonne, non ?

Traverser le pont neuf pour s'y rendre. Au Moulin de l'albigeois. Le lieu d'exposition est en dessous d'un hôtel.

Refaire surface
Par terre, des piles de livres, des catalogues d'expositions.
-  Servez-vous c'est gratuit. 
- On va d’abord visiter l'exposition. Merci.
- Elle se trouve dans la salle en bas. »

La salle du bas. En dessous de l'accueil, qui peut aussi servir de salle d'exposition.
Un panneau à l'entrée indique les artistes exposant des photographies pour cet événement : 
Pilar Albarracín - Ziad Antar - Vasco Araújo - Pierre Ardouvin - Oreet Ashery - Bertille Bak - François Bellenger – Alain Bernardini - Filip Berte - Véronique Boudier - Thierry Boyer - François Curlet - Nicolas Daubanes - Marcel Dinahet – Yasmine Eid-Sabbagh - Malachi Farrell - Luciana Fina - Maïder Fortuné - Michel François - Véronique Hubert - Pravdoliub Ivanov – Valérie Jouve - Deana Kolencíková - Jan Kopp - Chourouk Hriech - Frédérique Lagny - Lia Lapithi Shukuroglou - Bertrand Lamarche - Florence Lazar - Daniel Lê - Claude Lévêque - Jennis Li Cheng Tien - Nathalia Lopez - Eric Madeleine - Roberto Martinez - Phoebé Meyer – Jean-Luc Moulène - Frédéric Nauczyciel – André Parente - Françoise Parfait - Laurent Pernel - Pratchaya Phinthong - Abraham Poincheval - Paul Pouvreau - Hugues Reip - Tania Ruiz - Avelino Sala - Paola Salerno - Mira Sanders - Larissa Sansour - Susana de Sousa Dias - Stéphane Thidet - Maria Tsagkari - Niek Van de Steeg – Eric Valette - Christophe Viart - Luciano Vinhosa.

Ils ont donné ces clichés en réponse à un sujet. Refaire surface. Ils y sont tous déjà passés.  

Il se passe quelque chose. Première fois que je vois des cimaises dans cette salle. D'ailleurs première fois que je vois la salle. Son architecture. Ses détails. Sa lumière. Sa complexité. Sa beauté.

« C'est la dernière exposition ici. »
- Ah bon ? Mais pourquoi ?
- On va déménager. Le lieu a été revendu à l’hôtel du dessus.
- Mais du coup vous allez être où maintenant ? Le centre ne ferme pas ?
- Pour l'instant nous allons être mis au manoir du parc Rochegude. Et après on ne sait pas.
- Mercure vous a dévoré. C'est dommage...
- Ne me le faîtes pas dire.

Beau pied de nez, après trente d'existence en ces lieux. Un travail de Valérie Jouve, Daniel Lê, Éric Valette, Françoise Parfait, membres du collectif d’artistes et de chercheurs Suspended spaces, et avec la collaboration de Jackie-Ruth Meyer, directrice du Centre.
Un beau pied de nez, un dernier, forcé, comme le déménagement.

Simon Bousquet





"She was dancing" - Mathilde Crepet

She was dancing
Musée d’arts de Nantes, performance du jeudi 16 novembre, une autre aura lieu au TU-Nantes le 21 novembre à 20h30 dans le cadre des rencontres de la scène au musée.
Rencontre entre le poème Orta or one dancing de Gertrude Stein de 1912,  portrait de Isadora Duncan et de la danse La Mère d’Isodora Duncan en 1921, par la chorégraphe Valéria Giuga, qui elle-même interprète sa chorégraphie « Has been, she was dancing » avec Roméo Agid et Jean Michel Espitallier le batteur.
Valéria amène des questions d’époque de la danse à travers le titre de son interprétation qu’elle mêle à la pratique de la danse duncanienne qui se montre très épurée, saccadée et rythmée.
Deux personnes, mêmes habits, même tenue, mêmes couleurs, même perruque, même position d’attente, même présence,
Une bande son lue, un poème, un mot, une répétition, un autre mot,
Un geste, un mouvement, un pas de côté, les bras se lèvent, la tête pivote,
Un poème, un mot, un geste, un mouvement, un rythme
Un poème, un mot, un geste, un mouvement, un rythme 
Ensemble, en même temps, gestes par gestes, mouvements par mouvements, déplacements par déplacements, envahissant l’espace, la salle du musée
Une batterie vient s’ajouter, un autre rythme, un mot, un geste, une note, un autre geste, du mouvement, l’accélération du rythme et donc des mouvements
Un mot, un geste, un rythme, des mots, des gestes, des rythmes, des mouvements, une danse


CREPET Mathilde, L1

mardi 14 novembre 2017

"Winnipeg mon amour" Agathe Gallion

« Winnipeg mon amour » : une ode aux villes natales ?




Réalisé par Guy Maddin et sorti en 2007, « Winnipeg mon amour » est un film en noir et blanc qui traite de la question de l'attachement local.

Avec « Winnipeg mon amour », le réalisateur canadien rend hommage à sa ville natale Winnipeg, capitale du Manitoba au Canada. A travers ce film à la fois documentaire et psychanalyse, on est entraîné dans un voyage au cœur des souvenirs du réalisateur, qui tente de « s'échapper » de Winnipeg, où il finit toujours par revenir, physiquement ou mentalement. Scènes du passé reconstituées, images d'archives et collages sont mêlés et donnent cette sensation de flottement entre rêve et réalité tout au long du film.

C'est la question de l'attachement local qui m'a plu dans ce long métrage, parce que je la relie à des problématiques qui m'intéressent : l'identité, les origines et ici par extension, l'affection presque frénétique pour un lieu en particulier.

Guy Maddin mélange critique de Winnipeg et adoration dont il fait preuve pour cet endroit auquel il est attaché malgré lui, et c'est à cette dévotion que j'ai été sensible, même si mon expérience est bien plus positive que celle qu'il dépeint. C'est aussi ça qui m'a troublée dans son film : il parvient à faire preuve d'une telle désillusion face à Winnipeg qui est la ville où il a grandi et où se trouve une grande partie de ses souvenirs d'enfance. C'est probablement lié aux mutations qu'a subi Winnipeg et c'est peut-être pour ça que Maddin veut s'en défaire.

Avec « Winnipeg mon amour », Guy Maddin affiche une nostalgie qui ne peut que nous toucher et nous donnerait presque envie de prendre nos valises et d'aller visiter Winnipeg pour découvrir son architecture et son manteau de neige.

Agathe Gallion

Galerie "L'atelier", QPN - Alice Gautier

L’invisible en photographie, le travail de Thomas Sauvin

A l’occasion de la Quinzaine Photographique Nantaise – galerie l’Atelier

Du 15 septembre au 15 octobre dernier, à l’Atelier, une galerie de la rue de Chateaubriand, étaient regroupées les œuvres de plusieurs artistes sous l’égide du thème commun de l’invisible, dans le cadre de la QPN. L’exposition nous offrait une déambulation à travers l’imperceptible, de l’échelle microscopique des agrandissements de larmes de Maurice Mikkers, à l’échelle géographique et spatiale des clichés de Xavier Barral, pris à l’aide d’une sonde de la NASA. Mais l’accrochage proposait également une interprétation plus métaphorique de ce qu’est l’invisible en photographie, puisqu’on y découvrait le travail de Thomas Sauvin, un artiste français qui a collecté en Chine des monceaux de pellicules argentiques abandonnées par leurs propriétaires, prêtes à être recyclées.
Après la visite, nous avons pu rencontrer Hervé Marchand, le directeur artistique de la Quinzaine Photographique Nantaise, qui a partagé avec nous ce qu’il sait des artistes et de leurs œuvres. Hervé Marchand a parlé entre autres du rôle de l’artiste comme celui d’un révélateur, un démiurge qui transforme le réel, le fait exister lorsqu’il le met en scène. Pour appuyer ses propos, il a utilisé l’exemple d’un artiste photographiant un caillou sur le bord d’une route, expliquant que le caillou n’avait d’existence propre et singulière jusqu’à ce qu’il soit personnifié par l’objectif photographique. « C’était un caillou semblable à cent mille cailloux, photographié il devient un caillou différent de tous les autres. » M. Marchand a poursuivi en opposant l’idée de photographie, prise par un artiste, aux « photos » que nous autres pourrions faire, le suffixe « graphie » étant pour lui le signe d’une distinction nécessaire : la photo n’accède au statut d’art que lorsqu’elle est porteuse d’une intention artistique. 
 C’est pour moi se méprendre sur le travail de Thomas Sauvin. Bien qu’il nous ait appris beaucoup de choses à leur propos, Hervé Marchand n’a pas rendu hommage aux photographies exposées par Thomas Sauvin, qui, sans nul doute, peuvent être regardées pour elles-mêmes, indépendamment de l’archivage sociologique et historique accompli par T. Sauvin. Dans cette œuvre, Thomas Sauvin est-il le seul artiste ? Il est vrai que ses choix d’accrochage donnent à voir les photographies, soulignent leurs singularités, sous-tendant des jeux de miroirs et d’oppositions, et en définitive participent à la naissance des œuvres. Mais quelle échelle adopter lorsque l’on parle de l’œuvre ? S’il est indéniable qu’il faut accorder ce statut au travail de Thomas Sauvin, il n’en est pas moins de chacune des photographies que j’ai découvertes ce jour-là. Qu’est-ce qui différencie l’intention artistique, primordiale, selon Hervé Marchand, pour que la photo devienne photographie, de l’intention de tous ces photographes anonymes lorsqu’ils prenaient ces clichés aujourd’hui exposés dans une galerie ?
S’il y a une chose que m’apprend Thomas Sauvin, c’est que la beauté de quelque chose ne dépend absolument pas du degré de complexité de l’intention à l’œuvre dans sa réalisation. Certaines photographies m’ont vraiment beaucoup touchée, l’absence de parti pris original dans le cadre ou les choix esthétiques ne rendait que plus forte l’importance symbolique du cliché. De même, l’artificialité de la mise en scène du sujet posant à côté de l’objet ou du lieu qu’il désire immortaliser n’en occulte pas pour autant la sincérité et/ou la solennité de leur rencontre. Le travail de Thomas Sauvin m’a aidée à reconquérir ma naïveté esthétique, déshabillée de toute opinion ou de tout goût extérieur ou antérieur à ma découverte de l’œuvre. 

Les choses sont – elles réellement invisibles avant qu’elles ne soient photographiées ou exposées, ou bien doit - on seulement apprendre à les voir ? La photographie transforme – t – elle le réel ou éduque – t – elle notre perception ?  Notre caillou initial, est – il réellement plus beau sous l’objectif d’un artiste que parmi d’autres sur le bord d’une route ? Je pense qu’il faut rendre au caillou ce qu’il mérite, le monde existe sans les artistes et le monde est beau avant même que nous n’ayons su le voir.
Alice Gautier


"Imaginarium Of Tears" - Maurice Mikkers, Killian DUVIARD

Imaginarium Of Tears, Maurice Mikkers

L’Atelier, du 15 septembre au 15 octobre 2017.
1 rue Chateaubriand, Nantes 

Site web de l’artiste : imaginariumoftears.com

Qui aurait imaginé que deux gouttes d’eau puissent être si différentes ?
Tout comme le docteur Masaru Emoto, qui à travers ses recherches souhaitait prouver que les émotions positives ou négatives, transmises par l'homme, pouvaient modifier la cristallisation de l’eau, l'artiste Maurice Mikkers avec son microscope et ses compétences scientifiques nous fait basculer dans l'univers unique et envoûtant de l'H2o. Ses surprenantes photographies sont le fruit d'un intense travail sur la cristallisation de l'eau et plus particulièrement de sa forme qui semble la plus fascinante, la larme. Via son œuvre, il nous invite à découvrir la magie et la beauté cachées dans les larmes qu'il récolte. En effet, celles-ci se transforment en de véritables paysages pleins de minuscules détails. Nous sommes transportés sur une multitude de planètes toutes uniques. Larmes réflexes (face à un produit agressant), larmes basales (liquide empêchant le dessèchement de l’œil)  ou encore larmes psychiques (résultant d’une émotion forte)  toutes semblent avoir enfouie en elles la mémoire des hommes les ayant libérées. Les cristaux figés par l’appareil photo nous rapportent le souvenir d'une émotion particulière, toujours différente, il capte dans  chaque goutte une parcelle de l’âme des personnes et nous en fait le tableau. On découvre alors des univers bien distincts et d’une harmonie absolue. Une véritable plongée dans un sanctuaire de larmes. Sortez vos mouchoirs, vous risquez d’être engloutis par une puissante vague émotionnelle qui laissera place à votre sensibilité.
Photographies provenant du site de l’artiste : imaginariumoftears.com

Killian DUVIARD

mercredi 8 novembre 2017

Paris-Beyrouth : Aller-retour. Paul LAFORGE

Paris-Beyrouth: Aller Retour

Conférence à La Colonie, Paris 10, 26 Octobre 2017.

Alors oui, c'est vrai, je veux parler d'une conférence qui a eu lieu il y a bientôt deux semaines, mais le fait est que cet événement m'a marqué. Tout d'abord parce que ça parle du Liban, alors à partir de là c'est dur de résister à l'envie d'y pointer le bout de son nez, qui sait peut être qu'il y aura du houmous à volonté ? Mais surtout parce que je m'intéresse beaucoup à ce qui se passe dans ce pays d'où mon père vient.

Plus sérieusement, je suis arrivé en retard, alors je me suis adapté: j'ai lu la feuille qui présentait les personnes invitées à cette conférence ainsi que les thèmes qui allaient être abordés. 

Réfléchir sur l'imaginaire de la ville de Beyrouth, à travers les prismes de son contexte artistique, architectural, patrimonial et bien sûr politique. 
Nous étions vraiment invités à réfléchir sur le passé, le présent et l'avenir de cette ville en discutant avec des artistes, des architectes, des anthropologues et des écrivains libanais. 

Au moment d'évoquer la guerre civile libanaise qui a duré une quinzaine d'années de 1975 à 1990, ponctuées d'interventions militaires étrangères, j'étais très attentif. Je comparais chaque récit, chaque anecdote, chaque histoire avec toutes les descriptions, les analyses et les aventures que mon père me raconte souvent.

Il y avait notamment cette artiste libanaise qui m'a touché, à qui je fais une dédicace qu'elle ne verra sûrement jamais, allez visiter son site, elle s'appelle Maha Kays.

J'ai vraiment commencé à m'intéresser à cette culture assez tardivement. Toutes ces questions d'identité, d'appartenance, de coutumes se baladaient dans ma tête lorsque j'étais enfant, alors depuis quelques années je me renseigne, je m'instruis, je m'informe, et j'aime ça, parce que c'est une partie de moi. Cela soulève cette question de la division de l'identité, enfin pour moi, parce quand j'étais petit j'étais perdu.

La preuve: le seul à table qui mangeait McDo quand il y avait des déjeuners de famille libanais, c'était moi.

La fin de l'hospitalité ? Déborah LAMY


La fin de l'hospitalité ?


Conférence au Lieu Unique de Fabienne Brugère et Guillaume Le Blanc Jeudi 19 Octobre à 20H30. 

Durée : 2H.

lelieuunique.com


Jusqu'où irons-nous ?

2015 : Crise des migrants : point de départ. Fabienne Brugère et Guillaume Le Blanc, ont vu et vécu : de Lampedusa à Calais. Deux philosophes, qui ont fait un travail journalistique autour de cette crise migratoire. Le philosophe devient journaliste.
Ce fut un discours positif. Notre société, les gens réclament et se posent la question de l'hospitalité : Calais : 200 familles ont accueilli et accompagné des migrants. Mais en politique, une politique migratoire n'est pas encore mise en place. L'hospitalité ? Une affaire de lieux ? Un espace pour une vie privée d'espace. C'est ici la responsabilité de nos gouvernants : créer des lieux, pour ces gens qui 
vivent dans des « Hors lieux », des endroits fantômes, consignés sur aucune carte.

Finalement l'hospitalité peut être : Éthique et Politique. Éthique car elle s'enracine dans un besoin de l'autre. Je pense aux droits de l'homme, nous sommes tous citoyens du monde, nous appartenons à la même terre, c'est le cosmopolitisme éthique. Mais quand les droits de l'homme s'appliquent t'ils ? Quand les hommes sont à deux doigts de la mort et qu'il faut leur venir en aide d'urgence et l'hospitalité est Politique. Politique parce que, accueillir, et secourir, doit être enclenché par une parole politique, par des conditions juridiques. Alors c'est à nous : citoyens de produire des initiatives, qui redéfiniront l'hospitalité politique.

« Le mal radical c'est de ne pas pouvoir appartenir » Hannah Harendt parlant des apatrides. L'hospitalité c'est secourir, accueillir et appartenir. Nous sommes une société qui confond le secours et l’accueil. En effet, il ne faut pas rester éternellement hospitalier, c'est un moment intermédiaire, car, finalement, le but est que les hommes (terme générique) soient intégrés et appartiennent à notre pays.

Déborah LAMY