mercredi 27 novembre 2013

Couleurs Plossu, séquences photographiques, Pavillon Populaire


BERNARD PLOSSU
Couleurs Plossu, séquences photographiques 1956 – 2013
au Pavillon Populaire, Montpellier (28 juin-6 octobre 2013)
Commissaire d'Exposition : Marc Donnadieu


Grenoble, France, 1974 - © Bernard Plossu


     Au milieu d’une de ces journées où tu erres sans savoir quoi faire de tes pieds, de tes mains, de ta tête, tu trouves toujours quelque chose à faire de tes yeux. Le bâtiment du Pavillon Populaire est apparu, une réponse venue de nulle-part, comme ça, paf. Les photographies de Plossu, c'est un peu pareil, elles me sont tombées dessus, mais dans un choc feutré.

     Ce sont des images troubles, troublées, troublantes, à la fois grises et à la fois gueulant leurs couleurs, mais de façon sourde. Enfin. Je rectifie : elles sont silencieuses. Elles donnent envie de se taire et de les regarder. Non, plus : les voir, de se plonger dedans, de se confondre avec elles. Ce sont des photos qui fourmillent.
     Je parlais de silence, précédemment, et c'est drôle, mais finalement, il y a du bruit. Du bruit, du grain, comme des grains de sable, comme des grains de sable du temps, comme pour un sablier, comme ces cinquante-sept années de photos offertes aux yeux. Des échantillons mystérieux de tout ce temps. Tu te dis que holy shit, il y a des clichés qui datent.
    Après réflexion, je dirais - de façon triviale : en fait tu t'en fous un peu de quand ça a été pris. Les photos t'atteignent tout autant en plein cœur, quand bien même elles aient pu dormir tant de temps dans les archives perso de Plossu (qui a longtemps été really famous pour ses noirs et blancs, mais qui gardait ses travaux couleur de côté et ne les sortait que pour des occases bien choisies).
    Plossu a décidé de donner dans les notices de l'exposition le lieu et l'année où il a appuyé sur la gâchette. Il se situe dans le temps et l'espace, mais en vrai, j'ai rien retenu, sauf l'information basique qu'il est allé un peu partout. Il a bougé, le type, il a navigué entre les continents, il est allé dans les villes, dans les forêts, les déserts. Ah, si, je me rappelle : un peu d'Ardèche par-ci, un peu de Sahara par-là, et quelque peu de Mexique là-bas aussi.
    Toutes ces petites informations, repères spatio-temporels, j'en parle, j'en parle. Au final, c'est pas forcément le plus important. Déjà, Plossu, il prend des choses simples (ça n'enlève aucune profondeur, aucune complexité dans son travail) en photo. Il se prend pas le chou. Mais il sent beaucoup de choses.
C'est des lignes qui se tirent, et tu te dis que même au-delà des limites de l'objet photo, les lignes elles poursuivent leur route, elles font leur bonhomme de chemin.

    Ces grandes photos, quand t'arrives devant, tu peux plus bouger. T'es en plein dans un instant, à la fois tu as la connaissance rationnelle que c'est un instant mort, et pourtant, ce qui focalise tes yeux, c'est juste de la vie, des purs moments de vie. Plossu, il est fort, parce que clairement, il touche du bout de l'orteil quelque chose d'insaisissable. Je sais pas si on peut comprendre, expliquer, savoir. Il y a juste à à à voilà.
C'est un étrange voyage dans l'existence, un voyage dans le regard, le tien, le mien, le sien, le leur.

Paris, 1967 - © Bernard Plossu 

 Mexico - © Bernard Plossu


Margaux Foucret

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