mardi 19 novembre 2013

La Grande Exposition d’Art Sonore

La Grande Exposition d’Art Sonore 
Plateforme Intermédia, La Fabrique de Nantes.
Artiste présentée : Jelena Glazova.
Commissaire d’exposition : Laboratoire de recherche Apo-33.

« Une Grande Exposition ».

Un escalier grillagé puis un couloir, baigné dans une lumière artificielle aveuglante. Un homme derrière un ordinateur se lève et vient à ma rencontre, l’air un peu perdu, je lui demande si je suis bien au bon endroit. Il m’indique la seule porte pouvant faire figure d’entrée. Je m’y avance, la salle fait soudainement contraste avec la précédente : plongée dans l’obscurité, seul un faisceau lumineux bleu vient éclairer une surface du sol sur laquelle sont disposés plusieurs coussins. Mais la lumière n’attise pas tant ma curiosité que ce que je comprends maintenant: la Grande Exposition d’Art Sonore, une dénomination unique d’un grand rendez-vous pour tous les amateurs d’expérimentations du son - le son sous toutes ses formes et tous ses sens - est soudainement réduite à une petite salle silencieuse et vide de visiteurs. Quel drame a pu survenir pour en arriver à une telle réduction ? Je m’avance dans cette salle, seule comme un explorateur dans une grotte, cherchant la bête et à l’affut d’un quelconque son. Mes yeux se font à l’obscurité et la porte du couloir laissée maladroitement ouverte fait pénétrer la lumière dans la salle révélant toute une installation d’amplis et de matériaux sonores. Alors que d’autres curieux me rejoignent finalement, nous sommes plusieurs à nous interroger sur l’absence de son. Il serait parait-il périodique ; l’homme finit par prendre une initiative. Il traverse la salle jusqu’à un ordinateur et lance son programme aux yeux de tout le monde. Déjà le charme de l’œuvre est rompu. Mais voilà qu’une fois la bande sonore lancée il se met à retraverser la salle dans l’autre sens en enjambant cette fois l’œuvre exposée sans ménagement. N’a-t-il donc aucune considération pour l’artiste ?

La bande sonore s’apparente à de la musique électronique, expérimentant divers sons et bruits souvent désagréables et à forte fréquence aux quatre coins de la pièce où sont installés les amplis dans la semi-obscurité. Face à l’installation des coussins sous la lumière bleue, des images surgissent dans ma tête : celle d’une masse d’hommes aux allures primitives, une tribu installée sur des coussins. Puis des bruits métalliques me ramènent à une usine désaffectée, abandonnée et habitée par quelques extra-terrestres réunis autour d‘un complot. Drôles d’images… L’installation visuelle et sonore ne me parle pas vraiment. Une famille entre dans la salle, des ombres d’enfants se dessinent dans l’obscurité, silhouettes frêles n’osant affronter la terreur de l’espace que tirés par leur mère. Celle-ci commence à manipuler les coussins et installent ses enfants dessus… Quoi ? Qu’ont-ils tous à détruire l’œuvre ? C’est alors que je comprends que ceci est la véritable fonction des coussins, remettant toute ma réflexion et mon imagination en compte. Je me trouve face à un travail purement sonore, les coussins étant à notre disposition pour un placement central de l’œuvre et la lumière bleue par défaut d’un quelconque faible éclairage. Je redémarre ma réflexion à zéro et me concentre sur la bande sonore. Mais voilà qu’à chaque son fait écho un cri et des pleurs d’enfants terrifiés. Un son, des cris, un son, des cris, et la pièce se transforme en une garderie incontrôlable. Impossible de ne pas en tenir compte. Il semblerait qu’il y ait véritablement une ambiance effrayante dans cette salle. Ils s’en vont finalement et je me retrouve à nouveau seule. La bande sonore s’arrête sans que j’aie eu le temps de me fondre dans un espace imaginaire. Ce fut un échec, me voilà repartie.


A.Fournié

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