lundi 16 mai 2011

Anthony McCall

Anthony McCall , installation  Between You and I  2006
du 3 février au 16 avril 2011
Collège des Bernardins : 20, rue de Poissy 75005 PARIS
http://www.collegedesbernardins.fr

Le cinéma n'est peut-être pas ce qui est projeté sur un écran, n'est peut-être pas un film. C'est un processus, un mode opératoire de l'ordre de l'expérience qui aboutit toujours au même résultat : un cône lumineux traversant qui forme une sculpture immatérielle : lumière. Entre toi et moi il n'y a que cette lumière. Source de vie elle nous jette dans le monde de l'image comme s'il existait, comme s'il était vivre. Voir et vivre par procuration ce qui ne peut être vécu, s'imaginer avoir cette vie.
Le cinéma est système solaire : la lumière jaillit par derrière pour que nous contemplions son action sur le monde. C'est une bible : on y croit sans être dupe. Ce n'est pas le processus qui nous fascine mais toutes les interprétations possibles de son action. On ne peut donner qu'une valeur empirique aux astres, c'est ce que l'on fait du cinéma. Naturellement simple, il n'est que mystifié et humanisé par l'absurdité de notre pensée.
Le cinéma est songeur, comme la vie. Il illustre notre façon de nous emparer de ce qui ne nous appartient pas ; le soleil en tant qu'homme ou bête.
Le cinéma veut nous faire oublier qu'il est cinéma tout comme le monde qu'il est une planète. Je ne sais pas ce qu'est une illusion, je ne peux savoir ce qui existe mais je peux ressentir, au même titre que chacun, par mon corps. J'ai ainsi pu vivre le cinéma et le comprendre physiquement car il est comme tout art une science. Plongé dans un noir total il n'y a que lui pour être vu, tel un soleil sans planète. Nous devenons écrans. Éblouis par cette faible lumière, nous pouvons contempler son action. Matière traversante ou traversée, il n'y pas d'explications : nous sommes là.
On redécouvre la vue parce qu'on y voit rien, et notre esprit parce qu'on ne peut rien y comprendre. Déambuler dans un cinéma où l'on n’a pas de place, regarder le projecteur étant l'écran. Le cinéma c'est ce trajet, plus rapide que nos sens, on le suit bêtement, on cherche son effet en se creusant ou en se laissant aller.
Le cinéma est sans règles bien qu'elles soient toujours respectées. Il n'a pas de durée ni d'espace : nous sommes tous égaux dans nos différences face à lui. C'est ce que les cinéphiles oublient, on ne peut parler que de ce qu'il n'est pas. Il est un raisonnement par l'absurde incessant qui est persuadé d'un sens.
Le cinéma c’est la lumière qui dévoile la poussière de l'air.

Hugo Rincé


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire