mardi 24 mars 2015

Birdman


Alejandro González Iñárritu est un réalisateur mexicain connu notamment pour avoir réalisé "Babel" et le grand "Biutiful".

Cette année il nous dévoile son dernier film oscarisé (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario original, meilleure photographie) nommé "Birdman". Un titre évocateur rappelant tous les héros de la pop culture américaine de Stan Lee, Marvel et DC. tel que Spiderman, Iron man et autre super héros de Blockbusters américains qui semblent depuis une dizaine d'année être à leur heure de gloire parfaite.


Ce titre n'a rien d'anodin. Notre héros est un acteur de film de super héros, anciennement connu sous le nom de Birdman : son plus grand rôle au cinéma, en pleine reconversion dans une pièce de théâtre à Broadway. Son heure de gloire passée, maintenant presque oublié du public, il peine à trouver sa place en tant que réalisateur et acteur de talent, afin de montrer qu'il n'est pas un acteur de seconde zone, notamment près de la critique Tabitha, la critique la plus redoutée de New York, joué à l'écran par Lindsay Duncan, qui le qualifie de "personnalité" et non "d'acteur" en le menaçant de détruire sa pièce dans les médias le premier soir pour "laisser place à de vrais acteurs".


Tourné en un "faux plan séquence" avec une très grande sensation d'étouffement provoqué par l'effet huis clos et les couloirs étroits du théâtre, nous suivons notre acteur pendant les répétitions publiques de sa pièce. On le voit se heurter à des problèmes logistiques, familiaux et d'égo représenté par une voix grave dans sa tête celle de son double, de sa gloire passée : Birdman. Avec un jeu d'acteur incroyable, une atmosphère qui reprend les codes du mythe du héros dans la pop culture. Le réalisateur nous prépare avec la voix de Birdman à un renouveau, une résurrection, qui semble ne jamais arriver.


Véritable mise en abîme du cinéma et critique subtile de la perversion des films de masses à grands budgets, une bande son rythmée et intégrée au film, un casting parfait, Zach Galifianakis dans un registre plus dramatique est rafraîchissant, Naomi Watts toujours aussi convaincante depuis Funny games U.S de Hanneke, un Edward Norton qui ne perd rien de son jeu d'acteur avec un rôle provocateur et mystérieux et enfin un Michael Keaton dans le rôle de l'ancien acteur de Birdman nous renvoyant une fois de plus à la mise en abîme quand on sait qu'il incarna Batman dans le film éponyme de Tim Burton en 1989. Un ego (Birdman) charismatique et une ambiance fantastique et fantasmatique désillusionnée.


Birdman est un film prenant, du début à la fin, avec des rythmes bien jaugés, pas de creux malgré sa lenteur. Une partie huis clos qui pourrait redéfinir le genre, des personnages travaillés.
Un genre de "This must be the place" réalisé par Polanski et co-réalisé par David Fincher. Un film unique meta, docufictif et surréaliste nous plongeant au plus profond des doutes et des contradictions de la vie d'un artiste. Un must see.
 


Guillaume Aubert

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire