mercredi 22 février 2017

Juste La Fin du Monde, film de Xavier Dolan, 2016.



Film vu au Katorza, 3 rue Corneille – qui a une programmation riche et des tarifs abordables !

Alors que les derniers relents de la claque reçue par M. Valls se dissipent dans la presse, c’est « Juste la fin du monde » de Xavier Dolan qui m’en a mis une.

Alors, bien sûr, les connaisseurs du réalisateur diront qu’il a fait mieux, qu’on ne le reconnaît pas vraiment, qu’ils sont peut-être même déçus. Faire du dernier repas du protagoniste avec sa famille, à laquelle il doit annoncer sa mort prochaine, la trame entière du film n’était pas aisé. Lent, théâtral – comment ne pas l’être, avec ce casting* qui diffère largement de ses choix précédents en terme d’interprètes - peut-être hésitant dans sa mise en tension qui veut toujours s’élever (huit-clos oblige !) puis se rappelant que la fin est encore à venir, retombe légèrement.
Mais la patte de Xavier Dolan est là : des choix de cadrages audacieux, qui emprisonnent le spectateur dans les disputes violentes de la famille, des musiques entendues mille fois, qui nous laissent douter sur leur effectivité une seconde et pourtant nous embarquent, une réalisation millimétrée où la météo et ainsi la lumière de la scène changent le temps de la « révélation », et de la ferveur, des éclats de voix et des parenthèses rêvées, remémorées.

La tension monte inexorablement. Et le spectateur, qui dès le début entrevoit que la fin sonnera quand les mots fatals seront prononcés, porte toute son attention sur ceux-ci. Les personnages balbutient, se reprennent, cherchent l’expression exacte, s’invitent à parler, se ravisent. Tous les mots semblent alors dotés d’un double sens, qui torture ceux dans la confidence : le protagoniste, et nous, spectateurs.
Enfin, dernier éloge tout en contradiction, pour ce qui se passe dans le silence. Celles avec qui je suis allé voir ce film ont parlé d’un manque de subtilité. Le côté théâtral des discours, qui dénature la réalité de cette scène de déjeuner de famille, semble effectivement vouloir caricaturer ce petit monde. Mais la subtilité des échanges a lieu dans les regards, lorsque les personnages se fixent et se comprennent dans une bulle où le son semble distordu.

Je suis sorti de la salle pourtant chauffée tremblotant comme une feuille.

Alexandre Montina

 

*Léa Seydoux, Vincent Cassel, Nathalie Baye, Marion Cotillard, Gaspard Ulliel.

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