lundi 24 mars 2014

Histoires de Fantômes au Palais de Tokyo

GEORGES DIDI-HUBERMAN ET ARNO GISINGER
En collaboration avec le Fresnoy, Studio national des arts contemporains.
Palais de Tokyo, 14/02/2014 – 07/09/2014



Contemplée depuis une coursive à la ligne serpentine, la scénographie de l'exposition de Georges Didi Huberman et Arno Gisinger, premier volet de la programmation « l'état du Ciel » du Palais de Tokyo, est pensée pour que l'on s'y perde. Milles mètres carrés pour un hommage à la planche 42 de l'atlas Mnémosyne d' Aby Warburg, consacré à la lamentation.  La division horizontale de l'espace permet un certain recul, un « survol » de ces images en mouvement qui tapissent le sol de la salle. Le principe d'atlas iconographique d'Aby Warburg, comme une banque d'images de l'inconscient collectif, est ici appliqué pour la transmission d'une mémoire historique.
En effet, à quoi serviraient les média audiovisuels si ce n'est pour transmettre - des images passées, des lieux communs et impressions rétiniennes, universelles et anecdotiques. Ici, des vidéos et photographies empruntées à l'histoire de l'art choisies par les commissaires. Ce tapis d'images présentées au sol, donc, semble être un moyen de nous faire plonger, tout en nous imposant une distance, dans une marée de réminiscences paléochrétiennes, moyen-orientales, actuelles, politiques, sacrées ou rituelles. On voit que ces films ont en commun la douleur, la passion, on lit plus tard qu'ils parlent d'énergie, l'énergie que les morts subtilisent aux vivants. Ce thème, des pleureuses grecques, des servantes peintes en offrandes sur les parois d'un mastaba, aux Pietà antiques et modernes, ce thème à l'origine de l'art est l'essence de la tragédie humaine.
Entre association d'idée et structure mentale, c'est donc de « sensible » qu'il est question ici, où s'entrechoquent la banalité dérisoire du tragique et l'universalité de l'histoire personnelle, et ces fantômes d'images, vestiges de l'humanité, creusent le lit d'un fleuve, espère-t-on, encore vivace.  



Bérénice Golmann Pupponi



Interview à propos de l'exposition :




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