samedi 22 mars 2014

Les bêtes du sud sauvage


Les bêtes du sud sauvage – 2012 – Benh Zeitlin

Synopsis : « Hushpuppy, 6 ans, vit dans le bayou avec son père. Brusquement, la nature s'emballe, la température monte, les glaciers fondent, libérant une armée d'aurochs. Avec la montée des eaux, l'irruption des aurochs et la santé de son père qui décline, Hushpuppy décide de partir à la recherche de sa mère disparue. »

Les bêtes du sud sauvage est un film sur la puissance de vivre, sur l’élan vital dans ce qu’il a de premier, presque animal. C’est un hymne à la vie dans ce qu’elle a de plus essentiel et cru, loin des implications économico-culturelles que l’on connaît aujourd’hui dans les sociétés néolibérales. Pour le faire ressentir, le réalisateur, Benh Zeitlin, pousse plus loin les facultés sur lesquelles repose cette vie primitive en magnifiant de façon crue et sensorielle les aptitudes de chacun. Il y a toujours quelque chose d’extrême dans l’usage des capacités, un geste excessif produit par un dérèglement. Quand la petite fille fait la cuisine, pour allumer le feu, elle utilise un lance-flamme, ce qui fait que l’on perçoit la possibilité de cuisiner comme un rite fort nous renvoyant dans sa technicité d’aujourd’hui à des temps immémoriaux, ceux de la préhistoire. Jeu de paradoxe que nous pouvons retrouver également avec un bateau, qui est aussi un objet archaïque fait d’éléments contemporains (benne de pick-up). Ce qui est en jeu c’est de rendre sensible à nouveau des gestes, devenus chez nous insensibles, nos sens, en produisant des excès dans la représentation, dans les visibilités que nous donne à percevoir le réalisateur. On pourrait dire qu’il nous installe dans un temps préhistorique contemporain d’un clan, d’une meute qui se bat pour survivre contre l’adversité présentée par la société libérale installée derrière la digue. Ces familles du bayou ne demandent rien que de vivre leur liberté, c’est pour cela que c’est un film puissant. La question n’est pas de sortir de leur pauvreté, mais qu’on les laisse vivre cette liberté qui est à eux et pour laquelle ils se battent.
Par une modeste production (coût du tournage : 1 800 000 dollars), le collectif Court 13, a su utiliser les ressources du lieu du tournage. Á la fois par un casting populaire composé de volontaires, tous des amateurs locaux, mais également la confection des décors avec des matériaux de récupération, au point de les réhabiliter par la suite...


Josselin THOBY



















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