mardi 29 mars 2011

R^V #2

R^V #2

Atelier Alain Lebras, 10 rue Malherbe, 44000 Nantes
Du 2 Mars au13 Mars
Laure Chatrefou, Adrienne Sabrier, Pierre-Yves Hélou.
         
   Rêvolution
Un mot proposé à un collectif de jeunes artistes,
rêvolution
il n'est pas ici question de la révolte ou de révolution au sens politique et social du terme.
Mythes
Utopies
Fantasme
Rêverie

Commençons par le commencement,

"J'ai avorté à 27 ans."

A peine le pas de la porte franchi, mon attention est happée par la vidéo à l'entrée.
La phrase me marque. J'aperçois la télé. Seul face à une chaise. Je m'assieds.

"Je mange,
je n'arrête pas de manger,
si j'étais un homme, je m'appellerais Gérard…"

On voit une femme se dandiner, sûrement l'artiste. La vidéo est clownesque, pourtant elle a un caractère grave, dérangeant, nous interpellant.

"J'ai avorté à 27 ans."

La première phrase résonne, on voit l'artiste, une poire dans la bouche, le tuyau autour du cou. Elle s'étrangle.
Sans doute une poire à avortement, du moins j'interprète.

"Je suce la décadence"

On est emmené ailleurs, on s'interroge,
sonné par ce registre étrange entre le burlesque et le dramatique,
Beethoven résonne,
visage repassé,
la femme se repasse maintenant le visage,
elle a un rouge à lèvres vif
re-montage, repassage
elle se repasse les seins
allongée

Le repassage, la femme repasse,
la femme repasse dandinant ses fesses
elle se repasse la face,
face à face avec nous, spectateur-voyeur
se repassant la face devant la glace comme le maquillage
pourquoi se maquiller quand on peut se repasser.

"J'ai aimé trois, quatre, non…cinq hommes dans ma vie, enfin…je ne sais plus…"

Mes yeux se décrochent alors de cette vidéo, un peu perdus, déboussolé, mon regard vacille, cherche, scrute,
une table cimetière, une série de dessins, fragiles, minutieux, dessins oniriques…
Mon œil se pose. Je m'arrête. Là, au fond de la salle, un masque en céramique, un masque de lapin.
Derrière le masque se trouvent trois photos, le masque retourné, les portraits d'un homme de face et de profil l'entourent.
J'apprends que l'intérieur du masque est l'empreinte du visage de l'homme.
Un masque recto-verso,
une face animal, une face portrait
L'homme à la trentaine, voire la quarantaine,
les photos sont identitaires,
elles se disent neutres,
l'homme a un visage singulier,
un visage froid, qui a vécu
un visage assez maigre, peut-être est-il malade.
Je l'imagine portant le masque,
Pourquoi le lapin?
La question m'obsède,
Un Don Juan?
Non, pas assez séduisant.
Un lapin…
Un mac? Un proxénète à tête de lapin?
Il baise, le proxénète? Il teste la marchandise?
Baiser comme un lapin,
Quelle est cette chimère?
L'homme à la tête de lapin.
Je fixe du regard le masque, il me sourit,
vous savez, ce petit sourire moqueur en coin.
Peut-être un athlète, discipline 100 mètres haie,
non, non, trop maigre, trop maladif.
un violeur,
un cuisinier,
un coursier,
un facteur,
un cambrioleur,
ça y est, il braque des banques avec le masque de lapin,
on le surnomme l'homme-lapin,
mais pourquoi le lapin…
…parce qu'il court vite.
pourquoi pas.


Enfin, je discute avec l'artiste, j'apprends que mon homme-lapin est musicien,
qu'il existe six autres masques, qu'ils faisaient tous partie d'un spectacle.
L'homme est guitariste.
Pourquoi le lapin?
Simplement parce que sa façon de jouer, sa musique, ressemble à la course d'un lapin.
J'aurais préféré ne pas savoir.
Weiler Justin  


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