jeudi 25 novembre 2010

Takashi Murakami - Château de Versailles

Château de Versailles, Takashi Murakami
Du 14/09/2010 au 12/12/2010


Takashi Murakami, l'un des artistes phare de la scène internationale, présente son travail dans les appartements royaux du Château de Versailles.
Cet événement est la première grande rétrospective de l'artiste japonais en France, il y montre ses sculptures, peintures et vidéos, dans quinze salles du Château ainsi que dans son parc.
Troisième artiste contemporain à exposer au Château de Versailles, après l'américain Jeff Koons en 2008 et le français Xavier Veilhan en 2009, (la démarche étant d'alterner chaque année artiste étranger et artiste français) Murakami développe ici son univers au sein du Château, selon lui : « cette exposition est un bon mariage entre la modernité et l'histoire, c'est mon concept ».
Deux des œuvres présentées dans l'exposition ont été créées spécialement pour le lieu : la moquette dans la dernière salle ainsi que l'immense bouddha doré dans le jardin.

Ces trois premières expériences d'introduction d'un artiste contemporain dans ce patrimoine exceptionnel ont en commun d’inviter des artistes de notoriété internationale dans le monde de l'art et présentant un travail dit pop, kitch et monumental.
On peut donc se demander pourquoi n'exposer ici que des artistes à la notoriété bien établie et non de plus jeunes ou tout simplement moins célèbres créateurs, ce à quoi Jean-Jacques Aillagon le président du Château de Versailles répond : « Les institutions consacrées à l'art-contemporain ont pour mission d'explorer la réalité artistique, de découvrir de nouveaux artistes et talents, alors que Versailles a pour mission de confronter les œuvres présentées au décor du Château, à son cadre et donc la notoriété de l'artiste doit être suffisamment établie pour résister à la notoriété de Versailles sinon l'exercice serait extrêmement déséquilibré ».
Ces opérations ayant pour but d'amener un public différent dans ce monument parmi les plus célèbres au monde font suite au programme de grands travaux de rénovation du Château lancés en 2003 grâce aux mécènes et dûs à la volonté d' Aillagon pour que « le patrimoine (soit) vivant et ouvert à la culture de notre temps ».

Cependant ce mélange des époques et des cultures ne trouve pas grâce aux yeux de tous comme nous avons pu le constater en voyant la récente couverture du magazine « Valeurs Actuelles » montrant une œuvre de Murakami dans le Château et titrant : « Art-contemporain : le temps des bouffons » et un article intitulé : « Le triomphe du canul'art ». S'ajoute à cela une manifestation devant la grille du château d'une cinquantaine de personnes d'extrême-droite souhaitant selon eux dénoncer la « pauvreté » du travail de Murakami et de l'art contemporain en général.

Ce qui est intéressant ici c'est particulièrement le dialogue entre des œuvres d'aujourd'hui et celles du passé, comme le souligne le commissaire de l'exposition Laurent Le Bon : « Il y a plein d'esprit dans ce travail, on le voit à la manière dont les œuvres de Murakami jouent avec les statues de Louis XIV. Dans la salle du Sacre de Napoléon, il a posé la sculpture d'un roi nu et énorme sorti d'un conte d'Andersen et revisité à la sauce manga. ». Bien que quelques œuvres semblent dénoncer une certaine société de consommation, ce qui vient à l'esprit est le caractère de business-artiste qui convient parfaitement à Murakami (dont le prix des œuvres a centuplé depuis 1993) et au vu des très nombreux produits dérivés se vendant (très chers) à la sortie de l'exposition.

Cette expérience reste très intéressante surtout pour percevoir Versailles non pas comme un objet inventé en une seule fois mais comme quelque chose qui ne cesse d'évoluer depuis ses différents occupants, comme un lieu ouvert aux créateurs de chaque époque, même si l'on peut douter de ce que Jean-Jacques Aillagon dit à ce sujet : « Louis XIV aurait été très séduit par cette démarche. ».

Quentin Blaise-Nicolas

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