jeudi 4 novembre 2010

De si petits riens

Blanc.
Sur les murs blancs perlent
en silence quelques gouttes du quotidien.
Petites poésies passées, plic, plic, plic. Un
visage; un vieux disque; un signe; une pensée.
Petit instant de couleur, copié, collé.
Découpé.

S'étendent alors de larges plaques rouges, oranges.
Les grains de sable s'organisent en visages, immenses, insensés.
Ils surgissent comme des mages, des rois ruisselants de richesses. Ils
s'affichent, tête haute; ils sont fiers d'être de l'art, jouissent de leurs châssis,
s'imposent, et en oublient leur passé.

Je me perds une minute entre ces murs blancs qui figent l'atmosphère.
Le calme règne. On s'accorde à penser que l'espace semble vide, comme
les verres des visiteurs qui passent comme des ombres. On s'y tromperait.
Pourtant, de petits éclats rouges, verts, bleus, sur les murs blancs viennent
contrarier le vide. Cette présence de petits riens, organisés comme une montre,
à l'intérieur. Petits bricolages poétiques. Le combat du néant par le néant.
Peu à peu, l'espace est infesté par ces morceaux de temps, fractionnés,
recomposés avec silence. On est envahi, on perd son blanc,
son verre vidé, si rapidement qu'il nous monte aux joues.
On reprend la marche, en silence.


02. Rythme binaire. Musique silencieuse, figée dans une page.
Tic tac. Les minutes coulent, les feuilles du calendrier se fanent.
Tic tac. L’horloge nous hurle le temps passé.

02. Les lignes s’accordent, posées. Un chiffre en quelques courbes.
La ligne s’abstrait. Un chiffre. 02.


Blanc.
La mer s’est retirée.
Ce qu’il reste à marée basse :
Une pluie de petits bouts de rien…



Marie Grier

Là où va l’eau de mer à marée basse, Christophe Lemaitre.
Zoo Galerie, du 15 octobre au 4 décembre. Entrée libre.
www.zoogalerie.fr

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