jeudi 12 décembre 2013

Jennifer Allora & Guillermo Calzadilla

Jennifer Allora & Guillermo Calzadilla
13 septembre - 16 octobre 2013
Co-produit avec le Festival d’Automne à Paris

Galerie Chantal Crousel 10 rue Charlot Paris 3ème

             Après vingt minutes de marche intensive dans les rues du Marais parisien nous voilà arrivés devant l’entrée de la galerie Chantal Crousel cachée au fond d’une cour. J’ouvre la porte, je prends mon petit papier explicatif et je pose mes fesses sur un des quinze cubes mis à disposition pour pouvoir regarder la vidéo projetée. Malade, j’essaye de couper mon souffle fort qui résonne et fait mauvais écho à la vidéo, la pièce est sombre et le silence règne, je ne veux pas déranger. Allora & Calzadilla ont réalisé un film qui tente de représenter, en termes visuels et musicaux, un processus de transcription de la figure de la Vénus en musique, utilisant les proportions de la statue comme une gamme musicale. Ils ont demandé au compositeur David Lang d’écrire un solo pour violoncelle à partir de ces règles. Pour le film, la violoncelliste Maya Beiser joue la composition de David Lang à la Vénus de Lespugue originale. Vidéo émouvante, ce ne sont que des gros plans sur le visage de la violoncelliste, sur ses doigts qui tapotent les cordes, sur la colophane qui s’échappe de ses gestes. J’écoute la mélodie grave dans une ambiance sensuelle…Je suis alors prise d’une quinte de toux, je me lève, je trébuche, je dois sortir.

Deuxième round, je re-rentre et au moment deressortir pour partir, quelqu’un m’agrippe le bras, « Ce n’est pas fini il y en a une autre ! ». Cette salle était cachée mais j’étais tellement gênée d’être malade et de déranger par mes raclements de gorge que j’ai presque fait exprès de ne pas la voir. Surprise, un homme chante, il racle sa gorge comme moi, je ne comprends pas vraiment ce qu’il se passe, il communique avec des ossements. J’essaye de regarder mon petit papier pour comprendre mais plongée dans le noir je ne peux pas lire. Pourquoi faire un concerto pour animaux morts ? C’est comme s’il leur racontait une histoire. L’archéologie, la musique et la performance se mêlent, les artistes s’inspirent et jouent de la science avec des faits quasi fantastiques. Silence, la vidéo l’impose. Ça me rappelle l’homme qui tente de communiquer et de créer des nouvelles relations avec des animaux en captivité, comme l’expérience organisée par des musiciens qui avait pour but d’étudier l’impact de la musique humaine sur des espèces non-humaines au jardin des plantes de Paris je crois, vers 1789.

La vidéo se termine, je dois sortir mon état de santé empire. Lumière, j’en profite pour rouvrir le papier que je tiens dans la main depuis trente-cinq minutes sans pouvoir en lire une miette. En fait « les concepts d’homme, de vie et de nature, ainsi que les frontières entre eux, définies par leur rapport à la guerre, la captivité, l’esclavage et d’autres formes de domination et de contrôle social et politique, émergent à cette époque » (j’imagine la révolution). « A cela s’ajoute la question de la musique en tant que possible métalangage inter-espèces, un mode de communication proto-linguistique, non-symbolique et affectif dont la base est biologique et évolutionnaire.
Les artistes ont exploré dans l’ensemble de leurs films les relations entre les proportions et les disproportions, l’harmonie et le déséquilibre, des relations commensurables et incommensurables. Je rentre ça m’a épuisée.



Site de la galerie : http://www.crousel.com/home/

                                          Film 3
 
                                          Apotome

                                          Apotome



                                                                                                                                        Camille Coléon


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