jeudi 1 novembre 2018

QUINZAINE PHOTOGRAPHIQUE NANTAISE LE TEMPLE DU GOÛT


« Pour vivre heureux, vivons cachés. » 


À l'occasion de la 22ème édition de la Quinzaine Photographique Nantaise (QPN), qui se tenait du 14 septembre au 14 octobre 2018, le Temple du Goût exposait une série de photographies d'Amélie Landry intitulée Les chemins égarés, deux séries de la collection de photographies amateurs de Sébastien Lifshitz : Couples travestis et Les Invisibles, et un film documentaire du même titre. Le sujet du festival de photographies était Invisible - Opus 2 : Disparition. L'ensemble exposé au Temple du Goût évoque ce sujet sous l'angle de l'homosexualité et la volonté de se dissimuler du regard des autres, hier comme aujourd'hui, mais en vivant pour autant ouvertement leur sexualité. Les chemins égarés propose une série de photographies parlant du cruising, une pratique sexuelle qui consiste à trouver un partenaire par hasard dans des lieux reculés et adaptés par ses usagers, afin d'avoir un rapport sexuel sur place. Cette pratique implique les notions d’anonymat, d'interdit, de lieux faits à la fois pour se retrouver et se dissimuler. Amélie Landry capture avec une grande sensibilité ces lieux et ces personnes afin de les dévoiler partiellement. Un attachement à la lumière, à l’obscurité et à la couleur est présent et permet de mettre en image une pratique cachée. La volonté de faire voir ce qui ne souhaite pas se montrer est en soi une pratique qui pourrait s'apparenter à un certain voyeurisme, pourtant le regard photographique d'Amélie Landry est un regard poétique et sans jugement de valeur, et permet de mettre avant tout une autre vision de cette sexualité souvent jugée. Plusieurs témoignages sont également présentés et donnent ainsi directement la parole à ces personnes et à leurs histoires. Les collections de Sébastien Lifshitz sont des photographies amateurs d'homosexuels et de travestis tout au long du XXème siècle. Ces documents retrouvés sont la preuve de l'existence de ces personnes et de ces identités au cours du siècle dernier. Elles permettent de prouver ces existences passées, loin de l'idée que l'homosexualité ne se vivait pas à cette époque mais plutôt de montrer un quotidien heureux. Exposer ces photographies aujourd'hui permet de modifier la narration prédéterminée des histoires des homosexuels, et donc de changer la narration des histoires actuelles. Ces personnes prouvaient d'une certaine façon leurs identités à travers ces photographies cachées et risquées. Le film documentaire était un ensemble de témoignages de personnes âgées qui avaient décidé de vivre leur sexualité sans se soucier des à priori de l'époque. L'ensemble de l'exposition fonctionnait sur ce principe d'identités non acceptées socialement mais vécues malgré tout. La photographie est alors un médium de mise en lumière de ce qui se cache dans l'ombre pour exister.

         MOREAU Antoine




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