mercredi 14 novembre 2018

Collection de Stéphane Lifshitz au Temple du goût, Nantes


Du 14 septembre au 14 octobre 2018


Le festival de la Quinzaine Photographique Nantaise consacrait cette année son festival au thème des « Invisibles ». Au travers des divers lieux d'exposition, nous avons alors pu déambuler et découvrir de multiples portraits d'individus en marge de la société, de personnes dites « invisibles ». Des témoignages photographiques marquants, avec notamment le travail de Pierre Faure, nous dévoilant la montée de pauvreté dans les zones rurales françaises ou encore celui de Danila Tkachenko, capturant des hommes ayant décidé de s'extraire de toute civilisation dans les forêts de Russie. Le travail de Stéphane Lifshitz était alors également mis à l'honneur au Temple du Goût.
Collectionneur de photographies qu'il acquiert dans les brocantes depuis de nombreuses années, Stéphane Lifshitz nous dévoilait pour la première fois ses portraits de couples homosexuels anonymes des années 1900 aux années 1960. D'une pudeur élégante, ces photographies amateurs nous montraient des couples dans leur intimité, à la fois au travers de clichés pris sur le vif ou au contraire, plus travaillés telle une séance chez le photographe. Un seul regard, une seule main posée délicatement sur son partenaire suffisent pour nous dévoiler leur relation intime devant l'objectif. Cette collection témoignant d'une liberté, permet à l'artiste de nous retranscrire une autre image de cette société en marge, loin des idées reçues comme il le souligne lui-même : « Être pédé ou lesbienne, c'était s'inscrire dans une généalogie de souffrance, de destins dramatiques, pour ne pas dire tragiques. Pourtant ces images que j'avais trouvées au cours des années me racontaient une autre histoire. » Une autre histoire en effet, celle d'une homosexualité décomplexée, douce et ludique. Cette collection de portraits nous questionne alors sur l'exposition des relations homosexuelles et donc identitaire dans la société. « Peut-être avaient-ils réussi à négocier quelque chose avec leur famille, leur milieu professionnel ou la société dans son ensemble » énonce l'artiste. La discrétion restant sans doute le maître mot de leurs amours.

Blandine Langlois


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