jeudi 1 novembre 2018

"Sans", Martine Pisani




Les 11 et 12 octobre, le lieu unique a présenté une pièce de Martine Pisani : « Sans ». Audacieux pari de présenter un spectacle de danse sans musique, sans jeu de lumière, sans éléments de décors, comme son nom l’indique. Avant d’avoir vu le spectacle, on pense facilement à Yvonne Rainer, à une danse minimaliste, dépourvue de tout élément superflu, qui cherche à sortir du standard d’une danse qui se veut gracieuse, élégante.
L’absence de variation de lumière permet tout d’abord de diminuer le mur entre la scène et le spectateur. Le public est quasiment éclairé de la même manière que les danseurs, avec un éclairage simple, comme dans n’importe quel autre intérieur. On se sent facilement plus proche du danseur, notamment par le fait qu’il puisse nous voir, ainsi peut s’installer un dialogue entre la scène et le public. Ce dialogue avec le spectateur passe par des éléments très simples, néanmoins forts : un regard, une expression, des onomatopées, quelques phrases. Les danseurs passent un moment immobiles face au public, seuls leurs visages passent par beaucoup d’émotions, principalement leurs yeux.
Le dialogue se fait également avec l’emprunt de gestes du quotidien et par des gestes connotés, faisant référence à certains sports ou à la culture hip-hop. Cette pièce pose la question de la place du mime dans la danse, la place de la partie jouée. On se demande où est la danse ? Où est le jeu ? Un grand jeu sur les expressions du visage est mis en place, les danseurs prennent presque un rôle de comédien. Cela se traduit par un rire récurrent du public face à ces parties mimées. Le spectacle est présenté en plusieurs parties, pas forcément bien reliées entre elles, sans transition. Néanmoins Martine Pisani joue avec toutes ces frontières, se heurte à des limites, tout cela avec une grande délicatesse.
Theo Kooijman, Laurent Pichaud, Olivier Schram nous montrent une belle cohérence dans leur danse, dans un tableau où ils apparaissent aussi bien ensemble qu’en opposition. La nudité de la scène laisse place à une multitude de placements, déplacements, de configurations. Ils occupent la scène de manière méthodique, en se regroupant, en se séparant, en agissant ensemble, puis tour à tour. Ils deviennent eux-mêmes éléments du décor, les uns pour les autres, les uns par rapport aux autres.



Suzanne Guillemois





                                                                               © Laurent Paillier

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