mercredi 12 décembre 2012

Georges Didi-Hubermann et Arno Gisinger


« Histoires de fantômes pour grandes personnes »


Exposition in situ de Georges Didi-Hubermann et Arno Gisinger, au Fresnoy.
Du 5 octobre au 30 décembre 2012


Il s’agit d’un hommage au philosophe contemporain Aby Warburg (1866-1929) et à son travail « Mnémosyne ». Ce grand atlas réunissait des milliers d’exemples traitant de l’entrecroisement des images de notre société. A.W. parle de psychologie, et de la trace que laissent les images/ les souvenirs en nous. Les « survivances ».

Depuis 2010, G. D-H. a réalisé trois expositions sur cet Atlas – au musée Reina Sofia à Madrid ; au ZKM à Karlruhe et à la fondation Falckenberg à Hambourg. Cette quatrième édition, au Fresnoy, est accompagnée des photographies d’Arno Gisinger. Celles-ci sont des traces des trois expositions précédentes.
C’est donc dans l’immense nef du Fresnoy que le philosophe et anthropologue réalise un nouvel accrochage. A partir de la planche 42 d’A.W., consacrée aux lamentations funèbres. Trente-huit vidéos sont projetées sur le sol, alors que nous sommes sur une rambarde deux mètres plus haut. Ce sont des extraits de films, de documentaires, des photos, des dessins, des peintures qui sont en relation avec ce thème. Elles agissent comme un répertoire, une accumulation. Seul un son est diffusé à chaque fois, mais on ne sait de quelle image il provient. Elles défilent, s’arrêtent, recommencent. S’effacent. Réapparaissent. Vont des fresques de Giotto aux films politiques du chinois Zhao Liang, en passant par « Vivre sa vie » de Jean-Luc Godard et les vases peints des potiers grecs du VI av. J.C . On admire l’exhaustivité de l’ouvrage. Tout y est, tout est balayé. On parcourt des siècles de société grâce à ces extraits.
L’ambiance est glaciale. D’abord par le lieu désert puis par l’immensité de cette proposition (1000 m²). C’est saisissant. Les sons des vidéos nous paraissent sortis tout droit de notre imagination. G.D-H. réveille nos fantômes …


Sur les 115 mètres de murs qui entourent la passerelle, les photos d’A.G. sont affichées. Sans cadre, sur papier mat, tirées en format A0 (soit 1 m² par image). On est happé par leur taille et leur beauté. Seraient-elles réelles ? Elles sont les témoins des expositions précédentes. Leur trace. Leur survivance.



Pour conclure, une œuvre monumentale (par la taille mais aussi son exhaustivité). Qui fait réfléchir sur notre mémoire personnelle et collective. Extrêmement sensible.

Clémence Delille

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