mercredi 12 décembre 2012

Roman Ondak



Roman Ondak, Musée d’art moderne de la Ville de Paris
Du 28 septembre au 16 décembre 2012

Trou de serrure sans porte ou bien porte invisible ? Comment voit-on ce qui nous entoure si ce n’est par notre regard qui ne serait que le petit bout de la lorgnette ?
Mur fenêtre ou fenêtre condamnée ?
Tableau photographique activable par un interrupteur, cheminées de tôles reliées entre elles par une chaîne à mini boules comme celle des porte- clés d’enfant, cheminées posées à même le sol, en ronde, cheminées sans toitures et sans fumées, détournées de leur fonction et de la vie humaine, mais humanisées par la personnification de la ronde qu’elles forment. Elles sont solidaires ou bien au contraire contraintes d’être dans la même situation.

Tableaux grisâtres ou blancs à la texture des murs de la rue, sur lesquels sont appliqués des grillages, des filets, ou encore un filtre à thé percé et retourné qui crée comme un passage vers une autre dimension, celle du tableau.

Roman Ondak arrive avec très peu d’éléments à amener le spectateur à se poser des questions auxquelles il se confronte en imposant une distance. Les objets parlent d’eux-mêmes, racontent les histoires des Hommes en fonction de leur association.

Une vitrine en verre intacte dans laquelle se trouve un objet en verre brisé, me donne d’abord la sensation que la vitrine est cassée à l’extérieur. En l’observant bien, je remarque que c’est à l’intérieur qu’il y a cassure. Ramenée sur un plan humain, cette œuvre me donne à réfléchir sur l’apparence que les être humains veulent toujours garder intacte jusqu’au bout jusqu’à ce qu’il n’y ait plus le choix, le faux semblant d’un Bonheur parfait alors qu’ils sont en bouillie à l’intérieur. Ou si on le ramène à une ville par exemple Pékin, dont certains quartiers, pour la visite du Président Bush avaient été repeints en une nuit du même gris partout pour unifier et donner l’impression d’une ville propre alors qu’à l’intérieur il s’agissait bien sûr toujours des même taudis.

Roman Ondak a aussi demandé à une centaine de proches de dessiner leur vision de la ville du futur. Je trouve très intéressant ce projet car sans le vouloir les dessins avec chacun leur pâte ont des traits communs. Une belle vision de l’imaginaire collectif.

Et enfin Measuring the Universe, 2007, œuvre entre installation et performance qui convoque aussi bien les spectateurs que les gardiens de salle du musée, à qui a été confiée la tâche de noter chaque nom de visiteur au niveau de sa taille, à l’aide d’un marqueur noir. Cette œuvre installée dans un grand virage me donne la sensation d’une voie lactée à échelle humaine.

Exposition métaphorique à l’allure pourtant austère qui me réconcilie avec l’art minimaliste et conceptuel.

Blanche Denarnaud

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