mardi 4 décembre 2012

Pour la dernière et pour la première fois, Sophie Calle, Galerie Emmanuel Perrotin, Paris Du 08/09/12 au 27/10/12




Pour la dernière et pour la première fois, Sophie Calle, Galerie Emmanuel Perrotin, Paris
Du 08/09/12 au 27/10/12



De Sophie Calle, je connaissais déjà sa série «Les Aveugles» dans laquelle elle demande à des aveugles leur conception de la beauté. L’exposition ici présentée explore des thématiques similaires.

Dans la première partie, des portraits photographiques de personnes aveugles sont posés sur les murs. Ce sont des personnes auxquelles Sophie a demandé de parler de la dernière image dont ils se souvenaient avant de perdre la vue. Un texte encadré et des photographies diverses accompagnent ces portraits. Tandis que le texte retranscrivant les paroles de ces personnes est le récit de chacun, les autres images sont choisies par Sophie et illustrent l’image qui ressort le plus du récit, et ceci de la manière la plus neutre et épurée possible. Pour certains, elle montre l’image telle qu’on la verrait nous-mêmes dans les mêmes conditions physiques, pour d’autres elle ne fait que suggérer cette image par des indices, enfin pour un troisième type de photos, c’est la personne devenue aveugle qui mime les évènements. Cela dépend de la manière dont celle-ci a vécu l’évènement et de la nature de celui-ci.
Pour quelqu’un qui voit normalement, ces images sont tout à fait banales, mais le contexte dans lequel Calle les place, en tant que représentation du dernier souvenir de la vue d’une personne, les rend d’autant plus tragiques et touchantes.
Néanmoins, je ressors de ces deux salles avec une impression mitigée, car aussi épurées et neutres soient les images - évitant ainsi un sentimentalisme facile - j’ai l’impression que le tout manque de profondeur, que Calle ne se contente que de  traiter le sujet superficiellement. Dans l’un des récits par exemple, un homme raconte que c’est un lever de soleil sur un port qui représente la dernière image dont il se souvienne. Calle se contente alors simplement de montrer une photographie de lever de soleil sur un port telle qu’on le verrait sur une carte postale. Un peu simplet, surtout que peu de ses  photographies arrivent à se démarquer réellement d’une représentation littérale de l’image décrite, même si pour certaines, elle entretient un lien plus intéressant et plus subtil avec le récit.

Dans la salle suivante, je fais face à six écrans posés par trois sur deux murs perpendiculaires. Dans chacun de ceux-ci, une personne est filmée de dos et fait face à la mer. J’apprends alors que ce sont des personnes qui n’ont jamais vu la mer auparavant, et que Calle a filmé leur première fois. La salle suivante présente la même chose, à la différence qu’il n y a que trois écrans, qu’ils sont plus grands, et que chacun occupe un mur. Là encore, Calle laisse place à l’essentiel : La personne concernée et la mer. Chacun regarde celle-ci pendant quelques minutes, puis se retourne pour faire face à la caméra. 
Après un moment, l’écran tourne alors au blanc. La démarche est particulière, car de dos, il est plus difficile de savoir comment réagit une personne. On se doute néanmoins que c’est pour eux quelque chose d’important, qu’ils sont fascinés par cette étendue d’eau qui leur fait face et qui semble être infinie, mais la manière de filmer nous place dans  une attente,  jusqu’au moment où la personne se retourne, et où on peut lire les émotions sur son visage.
Là encore cependant, je trouve le tout superficiel. C’est touchant, Calle réussit à jouer avec nos émotions, mais le tout me semble trop enfermé dans son sujet pour que je sois réellement intéressé par ce qui se passe sur les écrans. L’épure et la distance dont Calle fait preuve sublime cette émotion, mais c’est tout.

Je ressors de l’exposition mitigé au final. L’ensemble m’a touché, mais je ne peux m’empêcher de penser que le tout manque de profondeur.



Alexandre Gaud-Chevreux.
















"The Blind. At home" / "Les Aveugles. Chez moi" 1986 





















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