jeudi 13 janvier 2011

Edwin Apps

Edwin Apps
« les sans voix » et « il fait jour »
Galerie d’art contemporain Alain Rouzé, Nantes

L’entrée dans l’univers des sans voix d’Edwin Apps m’arrache un sourire tant ces personnages aux couleurs vives et visages lisses m’étonnent, la marée des visages identiques, bouches bée, me submerge, m’imposant le silence voire l’adoption d’une expression similaire. Ces visages privés de parole dénoncent l’impuissance du peuple d’aujourd’hui à s’exprimer, des hommes aphones, incapables de faire entendre leurs voix et surtout leurs critiques, amenés alors à tolérer une politique révoltante, celle de Bush, qu’Edwin Apps critique ouvertement.
Edwin Apps a fait l’expérience de la vie retirée du monde actuel, de sa globalité, en décidant de renoncer aux moyens de communication qui nous sont aujourd’hui indispensables. Exilé pendant un demi-siècle, il ressort de l’ombre et découvre un monde qu’il ne comprend pas, un monde absurde. Il exprime alors l’agressivité de la lumière rentrant dans une pièce montrant que le jour est levé, signalant le départ de la journée, des activités familières, peut-être trop… dès lors le monde extérieur est l’effrayant reflet de l’hostilité primaire de la nature et l’envie de rentrer, de s’enfermer pour n’avoir que pour seule compagnie les divagations de mes pensées me prend, irrésistible et troublante révélation de l’angoisse refoulée de sortir au grand jour, d’affronter la vie. Je me sentais alors terriblement proche de l’homme qui devant moi redevenait l’enfant à la fois craintif et curieux mais qui, pour grandir, devait quitter son cocon et la chaleureuse douceur qui y régnait. Le message politique de l’artiste, indispensable à mes yeux afin d’apprécier ses œuvres s’estompe dès lors que chacun trouve la résonnance personnelle qui lui permet de ressentir l’œuvre…
C’est la vérité troublante, crue que nous offre l’étonnant Edwin Apps, incisif, plein d’humour et avec cette part d’enfance rafraichissante dans un monde trop grave et trop sérieux, où le rêve et les convictions disparaissent trop souvent dès l’entrée dans la « cour des grands »…


Lucile Sanquer
L1 Audencia


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